L’amande était une production en voie d’abandon en France quand Laurence et Jean se sont lancés il y a 25 ans. Aujourd’hui, leur ferme a créé deux emplois en plus des leurs, et leur production apparaît comme une alternative locale aux importations massives venant des États-Unis et d’Espagne
À l’occasion du Salon international de l’agriculture, la vitrine des « puissants » du secteur, Reporterre a choisi de mettre en avant les « petits », ceux qui bousculent les codes du milieu. Toute la semaine, nous présenterons des alternatives qui marchent. Samedi, nous avons fait le point sur la situation des néo-paysans, lundi, nous avons enquêté sur la floraison des microbrasseries lorraines, aujourd’hui, nous allons à la rencontre de producteurs d’amandes. (...)
« Les amandiers, personne n’en faisait à l’époque. Je n’aime pas faire comme tout le monde, le côté utilisation culinaire m’attirait aussi. » Qui aurait cru qu’ils réussiraient, sur ce plateau aux terrains pauvres et alors que la culture des amandes était en voie d’abandon ? (...)
le terrain convient aux frugaux amandiers. La ferme compte désormais 24 hectares d’amandiers et 5 hectares d’oliviers, un laboratoire de transformation et deux salariés à plein temps, sans compter les saisonniers pour la récolte. Ils produisent en moyenne 10 à 12 tonnes d’amandons (le fruit sans les coques) par an. Une broutille sur un marché français très largement dominé par les importations d’Espagne et des États-Unis. Mais la demande croissante plaide en leur faveur. Désormais, l’amande est une production qui se développe en France. (...)
Si, aujourd’hui, ils vendent tout sans difficulté, il n’en a pas toujours été ainsi. « Au début, j’ai démarché quelques épiceries. Elles trouvaient que c’était trop cher. Puis d’autres producteurs nous ont conseillés. Il y a eu un effet boule de neige », dit Laurence. Le couple a d’abord préparé les produits dans sa cuisine, puis a pu aménager le laboratoire et la boutique il y a treize ans. Laurence et Jean ont aussi planté des oliviers, pour diversifier la production : une assurance face aux aléas de la météo. « Une fois, on a perdu la récolte deux ans de suite, se souvient Laurence. On a eu du mal à repartir. » (...)
Dans les champs, autant pour les amandiers que les oliviers, beaucoup de leurs pratiques se rapprochent des recommandations du bio. Ils n’irriguent pas, « parce qu’on ne peut pas, il n’y a pas d’eau ici, et les amandes ont ainsi plus de goût », explique Laurence. Les engrais sont à base d’algues, la tonte est faite par les moutons — pas question d’utiliser des herbicides. Cependant, ils n’ont pas trouvé de solution pour lutter contre une petite guêpe qui pique les jeunes amandes sur l’arbre et les rend non consommables. Alors, le couple utilise un pesticide, traitant avec parcimonie, quand les abeilles sont parties et bien avant la récolte. (...)
Parfois, certains nous font remarquer que nos amandes ne sont pas bio alors qu’ils en trouvent au supermarché. Mais du bio qui vient de loin, ce n’est pas écologique. » (...)
Beurre fermier, œufs de plein air, farine de producteur, figues du copain, sel de Guérande, épices bio d’une entreprise gardoise… Voici quelques-uns des ingrédients choisis pour figurer autour de l’amande, reine des recettes. (...)
Toute la production est vendue en direct. À la ferme et dans des magasins de producteurs principalement. Parfois, des touristes de passage les recommandent une fois rentrés chez eux, et ont ainsi permis que les amandes du mont Bouquet aillent jusqu’à Lille. Mais, Laurence ne laisse pas sa production s’en aller n’importe où (...)