
À Roybon, près de Grenoble, un immense projet de Center Parcs menace un site gorgé de sources d’eau, de zones humides et d’espèces protégées, avec à l’horizon : nature en toc, béton et emplois précaires. Les citoyens sont contre, l’enquête publique et les experts ont émis des avis défavorables. Mais les politiques veulent leur Center Parcs. Les travaux ont commencé. La bataille aussi.
Les opposants au projet étaient nombreux, lundi 20 octobre à 8h30, au cœur du bois des Avenières, en Isère, loin des villes. Plus de deux cents personnes ont participé à une manifestation menée par l’association Pour les Chambaran sans Center Parcs (PCSCP), le jour où la pose de la première pierre du Center Parcs, à deux pas de Roybon, était annoncée.
Un petit brouillard accueille les militants sur la route blanche qui côtoie l’un des nombreux étangs de la zone. Ils se sont rassemblés en silence, à la lisière d’une partie de la forêt qui, selon les plans des promoteurs du projet, sera transformée en un immense parc ludique. (...)
Dans les dernières semaines, le projet - programmé depuis 2007 - a subi une accélération qui n’était pas prévue. On n’était en effet qu’à la fin juillet, quand la commission d’enquête publique « loi sur l’eau » expliquait qu’« à l’examen de toutes les observations, tant écrites qu’orales, du public [...] et après avoir auditionné des experts », elle ne pouvait qu’émettre, unanimement, « un avis défavorable au projet ».
Une décision motivée principalement par le fait que les incidences du village de vacances sur l’environnement avaient été mal mesurées et sous-évaluées. La construction de plus de mille bungalows sur deux cents hectares, le défrichement de plus de quatre-vingt-dix hectares, l’imperméabilisation de trente-et-un hectares, la dégradation de soixante-deux hectares de zones humides n’était donc pas acceptables. Ni, surtout, compatible avec la loi.
Le maire de Roybon : "Je suis content pour les chefs d’entreprise"
Mais les partisans du projet n’ont pas baissé les bras, en s’appuyant sur un soutien quasiment unanime de la part des politiques : sauf les écologistes, élus de droite et de gauche se sont rassemblés autour de Pierre et Vacances. Ainsi, toutes les collectivités locales se sont déclarées favorables : les mairies, le département, la région.
Et malgré les avis négatifs des experts, vendredi 3 octobre, le préfet de l’Isère a pris un arrêté qui valide le projet (...)