le comité de pilotage du plan national de recherche et d’innovation (PNRI), sous tutelle du ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation, a refusé d’allouer des financements au seul projet dédié à l’étude de la production de betterave à sucre en agriculture biologique. Une obstruction dénoncée par la Fondation Nicolas Hulot, Générations futures, Agir pour l’environnement et la Confédération paysanne, qui siègent au conseil de surveillance des néonicotinoïdes [2].
330 000 euros, « une somme minime »
Porté par l’Institut technique de l’agriculture biologique (Itab), la Fédération nationale d’agriculture biologique (Fnab) et sept groupements de producteurs bio, le projet « Bio » envisageait les alternatives « sous l’angle agronomique, dans une approche globale : de la parcelle à la transformation, incluant les questions de durabilité sociale et économique », indique à Reporterre Caroline Faraldo, responsable agriculture et alimentation à la Fondation Nicolas Hulot.
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Reporterre s’est procuré la lettre d’intention du projet, transmise au comité de pilotage du PNRI
https://reporterre.net/IMG/pdf/lettre_intention_pnri_itab_fnab_202103_vf.pdf
En septembre 2020, Reporterre était allé à la rencontre de différents producteurs de betteraves. Parmi les exploitants en agriculture biologique — ils sont moins de 0,5 % d’après l’Institut technique de la betterave (ITB), la plupart n’étaient pas touchés par le virus de la jaunisse, car ils vivaient dans des régions moins exposées à cette maladie. En septembre, les ministères de l’Agriculture et de la Transition écologique mettaient d’ailleurs « au défi quiconque [voulait] montrer que sur 0,5 % de parcelles de betteraves bio, il y a moins d’infestation ».
Le projet Bio présente également « une veille technique et scientifique sur la jaunisse en parcelles bio à l’échelle européenne sur les trois années, dans des pays où la production de betterave sucrière en bio est nettement plus développée qu’en France : entre 5 et 11 % des surfaces en bio dans trois pays européens, contre 0,1 % en France » (...)
Les associations dénoncent aussi l’opacité du processus d’attribution des financements
À l’issue du deuxième conseil de surveillance des néonicotinoïdes, qui avait lieu ce mardi 25 mai, il resterait 470 000 euros non dépensés, selon nos informations. Les financements auraient été attribués majoritairement à l’ITB et à l’INRAE, qui sont aussi les décisionnaires du comité de pilotage du PNRI. Les autres bénéficiaires de ces fonds publics seraient essentiellement des entreprises privées. Les budgets précis par projet et par partenaire n’ont pas encore été communiqués.
Par ailleurs, selon les informations de Reporterre, le cabinet du ministère de la Transition écologique surveille de près le projet Bio ; il se dit « très attaché au travail » proposé et serait « prêt à étudier d’autres modalités pour le soutenir le cas échéant ». « Il faut aller vite, dit Sabine Bonnot, à force d’atermoiements, on risque de perdre une année, précieuse, de retard. » (...)