
La Commission Européenne, sous la pression du lobby nucléaire européen et du gouvernement français, prévoit d’inclure l’énergie nucléaire dans la « taxonomie verte » (classification des investissements considérés comme favorables aux objectifs environnementaux de l’Union Européenne). Elle a envoyé aux Etats membres, le 31 décembre 2021 peu avant minuit, un projet de texte et publié un communiqué à ce sujet.
Ce projet fixe quelques conditions notamment une limitation dans le temps des projets nucléaires qui pourraient bénéficier d’un accès à des financements avantageux. Les projets de construction de nouvelles centrales atomiques devront avoir obtenu un permis de construire avant 2045 et les travaux permettant de prolonger la durée de vie des centrales existantes devront avoir été autorisés avant 2040.
https://www.lesechos.fr/monde/europe/bruxelles-devoile-un-projet-de-label-vert-pour-le-gaz-et-le-nucleaire-1375922
Des experts indépendants, qui ont conseillé jusqu’à présent la Commission pour l’élaboration de la taxonomie, ont fait connaître le 21 décembre leur opposition à ce projetii. Le règlement sur la taxonomie prévoit d’ailleurs que la « plateforme sur la finance durable » et le « groupe d’experts des États membres sur la finance durable » doivent être consultés avant l’adoption finale du texte par la Commission en janvier 2022. Ils ont jusqu’au 12 janvier pour apporter leurs contributions.
https://www.elseurope.eu/event/europ-es-science%20
Nous, citoyennes et citoyens européens, refusons l’inclusion de l’énergie nucléaire dans la taxonomie verte. Car l’énergie nucléaire nuit considérablement à chacun des six objectifs environnementaux de l’Union Européenne.
- Atténuation du changement climatique : les deux-tiers de l’énergie utilisée par les centrales nucléaires est rejetée dans les fleuves, les mers et l’atmosphère qu’elle réchauffe significativement.
- Adaptation au changement climatique : incendies, sécheresses, inondations menacent les centrales nucléaires situées en bord de mer ou de rivières pour leur refroidissement.
- Utilisation soutenable de l’eau et des ressources marines : l’industrie nucléaire utilise d’énormes quantités d’eau qu’elle accapare, réchauffe et contamine durablement par des effluents radioactifs et chimiques.
- Économie circulaire : la fission nucléaire de l’uranium produit des éléments radioactifs qui n’existent pas dans la nature et qui deviennent des déchets ingérables ; le nucléaire, militaire et civil, produit des catastrophes, détruit des vies humaines et de la valeur économique.
- Prévention des pollutions : l’industrie nucléaire a besoin d’autorisations de rejets d’effluents radioactifs et chimiques, qui sont de véritables droits de polluer.
- Écosystèmes en bonne santé : le nucléaire est un facteur de détérioration de la santé et d’altération du génome, non seulement pour les travailleurs de cette industrie mais aussi pour la population dans son ensemble et pour tous les organismes vivants.
La construction de nouveaux réacteurs et la prolongation du fonctionnement de ceux qui existent, ne sont pas acceptables pour toutes ces raisons et pour les dangers majeurs auxquels ils soumettent les populations européennes.