Il était une fois le premier monde, le « Nord », le deuxième monde, issu du bloc soviétique, et le tiers-monde, regroupant les peuples du Sud. Le deuxième monde s’est effondré avec la chute du mur de Berlin. Dix ans plus tôt, le tiers-monde avait été soumis au diktat du FMI et de la Banque mondiale. Avec la crise financière de 2008, c’est le premier monde qui a basculé. Pourtant, malgré ce changement, ni le rapport dominants–dominés ni les mécanismes de domination ne sont substantiellement modifiés. Actuellement le mécanisme de la dette est au premier plan et donne naissance à des politiques de choc combinant privatisations massives, baisse drastique du coût de travail et dérégulation des relations sociales.
Jamais au cours des 70 dernières années, dans les pays européens, nous n’avons vécu une offensive d’une telle ampleur qu’aujourd’hui. Partout en Europe, on utilise le prétexte de la dette pour appliquer des politiques d’austérité budgétaire. En Grèce, nous voyons clairement les résultats dans la version la plus brutale. Mais la Grèce n’est que le début d’une offensive qui affecte déjà les peuples du Portugal, d’Irlande, d’Espagne et d’autres pays européens. (...)
Disons-le clairement : en Grèce, comme dans les autres pays qui ont passé des accords avec la Troïka, les nouvelles dettes sont non seulement illégitimes ; elles sont également odieuses, et ce pour trois raisons :
- 1.les prêts sont assortis de conditions qui violent les droits économiques et sociaux d’une grande partie de la population ;
- 2. les prêteurs font du chantage à l’égard de ces pays (il n’y a pas de véritable autonomie de la volonté du côté de l’emprunteur) ;
- 3. les prêteurs s’enrichissent abusivement en prélevant des taux d’intérêt prohibitifs. Pour des pays comme la Grèce, le Portugal ou des pays d’Europe de l’Est, c’est-à-dire des pays qui sont soumis au chantage des spéculateurs et de la Troïka, il convient de dénoncer et annuler les Mémorandums et recourir à un moratoire unilatéral du remboursement de la dette publique. C’est un moyen incontournable pour créer un rapport de force en notre faveur. (...)
Dans le cas de la Grèce, et pour fonder juridiquement une annulation unilatérale de dette extérieure, il est aussi possible de s’appuyer sur un argument de droit international : l’état de nécessité. Celui-ci se caractérise par une situation de danger pour l’existence de l’État, pour sa survie politique ou économique, comme une instabilité sociale grave ou l’impossibilité de satisfaire les besoins de la population (santé, éducation, etc.).