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Coursier sans-papiers, Amin jongle « pour survivre » entre Deliveroo et deal de coke
Article mis en ligne le 4 novembre 2021

« Petit, je rêvais d’être pompier, mais surtout pas d’être flic ». À 21 ans, Amin (prénom d’emprunt) n’est aucun des deux. Le jeune Algérien travaille pour la plateforme de livraison de repas à Bordeaux depuis mars dernier. En 2013, il est arrivé seul en France, âgé de 13 ans.

« J’ai cherché où étaient les quartiers arabes de Bordeaux », se souvient-il. Il s’est débrouillé seul et a fait plein de rencontres, des bonnes comme des mauvaises des moins bonnes.

Un job devenu trop précaire

Depuis 2013, il vit sans papiers. Obtenir la nationalité française n’est pas une priorité pour lui. Il veut gagner sa vie en vivant « au jour le jour ». Amin n’a pas vraiment l’envie de se plonger dans de longues démarches administratives, ni dans un mariage blanc : « Je pourrais me marier avec une Française pour avoir les papiers, mais j’attends la bonne personne », se justifie-t-il fièrement. (...)

Mais la plateforme Deliveeroo, comme toutes celles qui livrent des repas, exige des ses livreurs qu’ils aient le statut d’autoentrepreneur, impossible à obtenir sans papiers. Alors Amin, comme tous ses collègues, a son système D. Un prête-nom féminin lui vend son identité contre 25% de son salaire d’environ 450 euros par mois. (...)

Il y a quelques mois il s’investissait entièrement dans son job de livreur. Maintenant, il ne réalise plus que 5 à 10 courses par soirée. Or plus un coursier refuse des tâches, plus l’algorithme le pénalise. C’est ce qu’explique Uber dans sa rubrique d’aide aux coursiers (...)

Survivre grâce au deal

Amin avait dû abandonner le trafic de cocaïne avant la prison. Depuis sa sortie, il l’a repris « à plus petite échelle ». Au moment de son inculpation, il avait un poste de gérant au sein de sa bande, maintenant il se contente de vendre sa coke entre deux courses Deliveeroo. Le jeune homme à la sacoche Gucci de contrefaçon gagne environ 1400 euros par mois. « Je ne peux pas faire sans, il faut que je vive ».

Il y a quelques années de ça, il volait à la tire. « Un pickpocket professionnel », en rigole désormais Amin qui se dit « être un homme de principes », hanté par l’idée de porter atteinte aux autres, et conscient des méfaits de la dope pour ses clients. (...)

Le but ultime d’Amin est d’obtenir ses papiers pour un jour, peut-être, revoir sa mère et ses frères restés au pays. Pour l’instant, il leur envoie de l’argent quand il peut et leur téléphone. (...) « Des fois je réponds pas à ma mère quand elle m’appelle. Elle sait alors que c’est parce que j’ai des ennuis ». (...)