
L’objectif du convoi de l’eau qui a longé la Loire avant de rallier Paris : obtenir un moratoire sur les projets de méga-bassines, mais aussi alerter sur les autres atteintes à la ressource en eau.
Un cairn « en hommage aux blessé·e·s de Sainte-Soline » est érigé depuis le 18 août dans le bourg de Lezay (Deux-Sèvres). Ce monticule de pierres et de fanions a marqué du même coup le point de départ du Convoi de l’eau, qui a parcouru plus de 400 kilomètres en direction d’Orléans puis de la capitale avec « soin, joie et détermination » selon les organisations à l’origine de l’évènement. Le convoi, arrivé à Orléans en fin de semaine dernière, a installé son campement devant le siège de l’Agence de l’eau Loire-Bretagne, avant de rallier Paris. Une délégation a tenté de négocier avec l’Agence de l’eau « un moratoire sur tous les chantiers et une suspension de tous les projets en cours » de mégabassines. En vain.
Ces gigantesques retenues de stockage de l’eau à l’air libre alimentées par pompage dans les nappes phréatiques et cours d’eau retiennent l’attention médiatique et politique depuis deux ans. Elles ne sont que l’un des maillons d’un système qui continue de contribuer allègrement au réchauffement climatique, tout en ne proposant que d’hypothétiques solutions technologiques ou tentant d’accaparer des ressources fondamentales, comme l’eau. (...)
À Mer, la folie logistique
Le Convoi de l’eau a marqué une halte, le 23 août à Mer, dans le Loir-et-Cher. Non pour y admirer le château de Chambord, sur l’autre rive de la Loire, mais pour interpeller sur les « plateformes logistiques » qui ne cessent de s’y étendre et d’artificialiser les terres environnantes. Avec pour conséquences une perte de la biodiversité et de terres vivrières à quelques encablures de la Loire (...)
À la sortie de la crise sanitaire et alors que le gouvernement souhaite une relance économique rapide, sept nouveaux projets de plateformes logistiques sont lancés. Deux chantiers ont déjà commencé, les autres sont suspendus à la suite d’un recours de l’association. (...)
Un fleuve nucléarisé
À une petite dizaine de kilomètres de Mer, ce sont les cheminées de la centrale nucléaire de Saint-Laurent-des-Eaux qui se dessinent. Ses réacteurs entrent dans leur 41e année de fonctionnement, deux autres, plus anciens, y sont en cours de démantèlement, générant des centaines de tonnes de déchets radioactifs. (...)
Alors que l’Union européenne a classé mi-2022 le nucléaire et le gaz comme « énergies de transition », les participant·es au Convoi de l’eau entendent bien montrer ses impacts sur les ressources aquatiques. (...)
Le collectif a également publié les résultats de sa veille citoyenne effectuée sur des données de 2021 communiquées par EDF l’année suivante. Et en tire un bilan critique : « EDF pompe, pollue et réchauffe l’eau. » (...)
Eau réchauffée et polluée
L’eau rejetée par les centrales n’est plus la même après son passage dans le circuit de refroidissement des réacteurs. Elle s’est réchauffée et contribue à augmenter la température de la Loire, en particulier quand le débit est bas. Le collectif « Loire Vienne Zéro nucléaire » déplore le manque de transparence d’EDF dans la publication en ligne des mesures de températures de l’eau en amont, aval et au niveau du point de rejet des centrales. (...)
Le collectif s’interroge également sur les rejets dans le milieu d’une eau chargée en éléments chimiques et radioactifs sur le long terme. (...)
Le réchauffement global et à long terme des cours d’eau pose question. Ainsi, dans une étude thermique du Rhône publiée en 2016 par EDF, le réchauffement climatique et les rejets thermiques des centrales sont pointés comme les « deux contributeurs principaux au réchauffement des eaux du Rhône ». Cela n’est d’ailleurs pas sans effet sur les populations de poissons et les écosystèmes (...)
Du biogaz en zone humide
Le biogaz se développe également en Centre-Val de Loire, où les projets de méthanisation ont le vent en poupe. (...)
Pourtant, comme pour les autres sources d’énergie renouvelable, tous les projets ne sont pas souhaitables ni soutenables. « Nous ne sommes pas contre la méthanisation, mais nous revendiquons un certain nombre de conditions préalables pour que ces projets aient du sens », indique Guy Janvrot, secrétaire régional de France Nature Environnement (FNE) en Centre-Val de Loire. (...)
FNE insiste notamment sur l’importance d’éviter un « effet rebond » : sous prétexte qu’une partie de l’énergie consommée serait moins polluante, aucun effort de sobriété ne serait accompli. Un développement intensif de la méthanisation entrerait en conflit avec les cultures dédiées à l’alimentation et générerait des pollutions liées au transport du biogaz sur de plus grandes distances (...)
FNE appelle également de ses vœux un contrôle citoyen et légal plus strict pour les projets de méthanisation. (...)