
Un nouveau rapport appelle à généraliser la contraception anonyme et gratuite pour les mineures. Un soutien de plus à une mesure que le ministère de la Santé refuse. Le rapport invite par ailleurs à une meilleure éducation des enfants et adolescents à la sexualité.
(...) « Notre pays préfère-t-il payer l’IVG plutôt que la contraception ? », s’interroge Israël Nisand. Aujourd’hui, la réponse est malheureusement oui.
Le gynécologue a travaillé avec deux consœurs, Brigitte Letombe et Sophie Marinopoulos (1) sur la question des grossesses non prévues chez les jeunes filles. Leur rapport remis jeudi 16 février à Jeannette Bougrab, secrétaire d’État chargée de la jeunesse et de la vie associative, pointe du doigt ce « dérangeant paradoxe » : en France, les mineures peuvent avoir recours à des interruptions volontaires de grossesse de manière anonyme et gratuite, mais la contraception est payante et non confidentielle. Si ce n’est dans les centres de planning familial. Mais quatre femmes sur 5 habitent à plus de 100 kilomètres d’un de ces centres, souligne Israël Nisand.
Selon le gynécologue, les deux tiers des 60 000 IVG recensées en France chez les moins de 25 ans (2) pourraient être évitées par un vrai choix de politique publique. « Je suis pour l’avortement, mais terminer sa première histoire d’amour par une IVG, c’est dur », observe Israël Nisand. (...)
le ministère de la Santé ne veut pas entendre parler de la généralisation de la pilule pour les mineures.
Jeannette Bougrab assure porter le sujet lors de réunions interministérielles. « Je vais continuer à me battre », lance la secrétaire d’État, soulignant que cette mesure ne nécessite pas une loi ou un décret, mais une convention. Plusieurs laboratoires sont prêts à « faire la moitié du chemin », à fournir à bas prix des contraceptifs innovants, souligne Israël Nisand. Certes, mais la balle reste dans le camp du ministère de la Santé.
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« Nous avons renoncé à éduquer nos enfants à l’école et nous avons confié leur éducation à la pornographie », tonne Israël Nisand pour qui, « ce qui se profile derrière ce sujet, ce sont les rapports entre hommes et femmes de la génération qui nous suit » : bien au-delà de la question de la contraception, ce rapport est « un travail pour le statut des femmes dans notre pays ».
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