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Conductrice de bus, elle écrit ce que le transport en commun a d’exceptionnel
#transportsEnCommun
Article mis en ligne le 15 août 2023
dernière modification le 14 août 2023

Après une reconversion professionnelle en 2018, Muriel Sola-Ribeiro est fière d’exercer son actuel métier de conductrice de bus TBM, au point de raconter son quotidien dans un blog en ligne. Nouveau portrait de notre série « Idée en tête ».

Depuis sa reconversion professionnelle en 2018, la Floiracaise de 46 ans est l’auteure du blog « Brèves de talanquère« , où elle publie chaque mois une anecdote de son quotidien. Fière de maîtriser ces « bolides de 12 mètres de long », elle veut partager son expérience et la réalité d’un métier « difficile » et peu connu.

« Une arme entre les mains » (...)

Conductrice et psy

Ses passagers, Muriel Sola-Ribeiro les qualifie de « kinder surprise », car « on ne sait jamais sur qui on tombe ». Certains, désagréables, n’hésitent pas à lui faire des remarques sur sa conduite, ou à lui demander de dépasser les limitations de vitesse par crainte d’être en retard. Beaucoup se confient aussi, « comme s’ils étaient chez la psy ».

« Il y a des histoires de deuil, de chômage, de déclassement social et d’effondrement personnel. Nous les chauffeurs, on n’est rien pour eux. C’est peut-être pour ça qu’ils nous parlent. Quand je peux, j’essaie de les orienter vers des structures associatives. » (...)

ce qu’elle apprécie, c’est « ne pas être enfermée dans un bureau » et faire des rencontres. Les passagers, leur histoire, la façon dont on peut s’attacher. Sourire aux lèvres, elle se souvient d’un groupe de jeunes passagers passionnés de transport.

« Pour mon dernier jour sur la ligne 1 (elle travaille aujourd’hui sur la 10), ils m’ont accueilli au terminus en randognon, avec les appareils photos et tout. J’avais envie de pleurer », raconte-t-elle.
(...)

Muriel Sola-Ribeiro voit le transport en commun comme « un concentré de société ». Au volant, elle conduit, écoute, et gère les crises de quelques « agités », tout en essayant de rester concentrée.

« Des fois t’entends de ces trucs. C’est pour ça que j’ai eu besoin d’écrire. Je me suis dit qu’il fallait que je raconte ce que je vivais, car je pense que les gens ne se rendent pas compte de ce qu’on encaisse. Certains nous méprisent même. »

Avant de créer son blog en 2019, Muriel Sola-Ribeiro racontait déjà ses histoires sur sa page Facebook. Elle les accompagne de photos du dépôt, se passionnant pour le « graphisme des bus alignés ». Ses récits ont du succès. Son manager l’encourage. Une passion qui lui a offert la deuxième place du « concours international : Keolis a un incroyable talent » en 2021. (...)

« Je gare mon bus, j’ouvre les portes et ça monte, ça monte, ça se faufile comme des saumons remontant le courant. Les passagers sont si serrés que toutes leurs têtes n’en font qu’une. » (Extrait d’une publication du 6 juin 2023, « Peut Mieux Rire »).

La brève « est une perle » qu’elle offre à son lecteur. Un goût des mots et du phrasé que la quarantenaire a toujours cultivé. Dès le collège, elle organise des ateliers de lecture et, à la faculté, des ateliers d’écriture (...)

« J’aurais aimé aller plus loin et faire Science po. Mais ce savoir ne me permettait pas de manger. Alors en parallèle de mes études en fac d’arts-plastiques, je devais bosser. La nuit, je faisais de la mise en rayon et le jour, j’allais en cours. Je n’ai pas tenu. »

Aujourd’hui, écrire lui permet de garder « une gymnastique intellectuelle » et « ça évite que mon cerveau ne s’encroute », dit-elle en riant. (...)

Femme au volant

Salariée dans un milieu masculin, les brèves sont aussi un moyen de prouver que le métier de conducteur peut être pratiqué quand on est mère et mariée. Actuellement, seuls 21,7% des salariés sont des femmes chez TBM. D’ici 2030, l’objectif est fixé à 30%.

Féministe assumée, dévorant « les biographies de femmes fortes et invisibilisées », Muriel Sola-Ribeiro essuie commentaires sexistes, insultes et refus de monter dans son bus au quotidien.

« Il y a une fierté à démontrer que c’est faisable, que je suis une femme et que ça ne pose pas problème. »

En attendant, la conductrice passionnée intervient en collèges et en lycées afin « d’introduire les notions de sécurité dans les transports et aux abords ». (...)