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Comment une photo de guerre peut faire basculer le destin d’un enfant…
Article mis en ligne le 30 janvier 2022
dernière modification le 29 janvier 2022

Le cliché a été pris en Turquie, dans un camp de réfugiés syriens, il y a pile un an. On y voit un homme hilare, unijambiste, appuyant son moignon sur sa béquille et se servant de ses bras pour brandir vers le ciel son petit garçon, lui aussi, hilare. L’enfant est un tronc. Le père a perdu sa jambe droite dans une explosion. Son fils, lui, est né sans bras, ni jambe, à cause des médicaments que la mère, intoxiquée au gaz, a ingérés pendant la grossesse. Ces corps mutilés par la guerre, l’élan vital qui les traverse, l’amour filial qui irradie la photo… l’image a été vue dans le monde entier. Son auteur, Mehmet Aslan, a décroché un prix très prestigieux, celui du Festival International de Sienne, en Italie.

Festival qui, face à l’émotion provoquée par le cliché et aux collectes qui se sont spontanément organisées pour venir en aide à ces gens, décide de remuer ciel et terre afin d’obtenir un visa à cette famille. Cela a pris des mois durant lesquels on se parle, via l’application WhatsApp, en passant les messages au Google Trad : ces Syriens ne parlent aucune langue étrangère. Ils sont arrivés en Italie, vendredi.

La presse italienne ainsi que le "New York Times" racontent l’épopée. Comme souvent lorsqu’une photo de guerre défraie l’opinion, ses personnages sortent de l’anonymat. Propulsés au rang de symboles universels durant quelques jours, les médias leur rendent leur identité et avec elle, la dignité à laquelle peuvent prétendre toutes les victimes. Avoir un nom, un passé, un destin. Ne pas être réduit, à l’instant T, à un corps et à une tragédie. (...)

Et cet enfant-tronc qui sourit si fort, alors ? Il s’appelle Mustafa El Nezzel, il a six ans. La chaîne de solidarité devrait permettre de les loger lui et sa famille et surtout, de les soigner. Au père et au fils, il faut des prothèses. Mustafa pourra-t-il marcher un jour ? C’est ça une photo de guerre représentant des enfants, un mélange d’innocence meurtrie et d’espoir.