
lPour la première fois depuis son ouverture en 2021, les Terrasses solidaires, lieu associatif de Briançon à la frontière franco-italienne, a accueilli plus de 300 migrants pendant deux jours. "On navigue à vue", raconte un administrateur du lieu, d’une capacité d’accueil maximum de 81 places.
La situation aux Terrasses solidaires de Briançon empire. Les 13 et 14 août, le lieu associatif a accueilli plus de 300 personnes. "Une première", indique Jean Gaboriau, l’un des administrateurs du lieu, à InfoMigrants. Et depuis, l’accueil ne faiblit que légèrement. Ce mercredi, 220 personnes étaient admises, là où il n’y a qu’environ 80 places.
Des matelas sont posés à même le sol où c’est possible, des tentes sont installées sur les terrasses extérieures… "On n’a pas le choix, on pousse les murs", raconte Jean Gaboriau. Et d’ajouter : "Le réfectoire est devenu un dortoir. Les gens dorment par terre". À l’étage, normalement condamné, un petit espace a été aménagé afin d’accueillir le plus calmement possible les populations vulnérables comme les femmes enceintes ou les enfants.
Appel à l’aide de l’État
Ici, le va-et-vient est quotidien. Chaque jour, de nouveaux exilés viennent remplacer ceux qui partent. "Depuis le mois de mai, la situation est très compliquée. On tourne à minimum 150 personnes (soit plus de deux fois la capacité d’accueil, ndlr)", raconte l’administrateur.
Et les nouveaux arrivants, la plupart du temps, arrivent fortement impactés par la traversée des Alpes entre l’Italie et la France, qui se fait aujourd’hui en grande partie par le Col de Montgenèvre. Le corps d’un exilé y a été retrouvé le 7 août dernier. "Cela varie, mais beaucoup arrivent blessés aux chevilles, genoux… Ou sont en état de déshydratation, complète Jean Gaboriau. Il y a aussi beaucoup de femmes enceintes, dont certaines sont très, très proches du terme." (...)
Jusqu’à présent, les Terrasses solidaires s’adaptent en augmentant les stocks de nourriture et grâce aux dons qui se multiplient. "Combien de temps va-t-on tenir ?" s’interroge l’administrateur. "On navigue à vue", admet-il. Et les bénévoles, eux aussi, sont exténués. "Moi, je me suis mis au vert quelques jours pour revenir efficace mais pour ceux qui viennent de loin et qui restent plusieurs semaines, il faut aussi les préserver", raconte-t-il, précisant qu’une "responsable des bénévoles" veille à la situation.