
En décembre 2014, neuf organisations écologistes ont demandé au Premier ministre de prendre un moratoire sur la vente et mise en culture de ces plantes rendues tolérantes aux herbicides. L’absence de réponse les amène à engager un recours juridique.
Concernant la menace OGM, nous ne pouvons que féliciter le gouvernement d’avoir, par une loi promulguée le 2 juin 2014, interdit la culture de maïs génétiquement modifié. Mais c’est l’épi de maïs qui cache la forêt !
Chaque année, en France, 4 millions de tonnes de soja et maïs OGM sont toujours importés pour nourrir le bétail et les volailles que nous retrouvons dans nos assiettes.
Depuis 2008, les entreprises semencières ont mis sur le marché de nouvelles variétés de semences dont le génome a été manipulé pour les rendre tolérantes à des herbicides spécifiques. Ces Variétés rendues Tolérantes aux Herbicides (VrTH) sont de véritables éponges à pesticides puisque, à l’instar de la plupart des OGM, elles survivent aux pulvérisations d’herbicides qu’elles absorbent. Ces « OGM cachés » sont cependant arbitrairement exclus du champ d’application de la réglementation sur les OGM, sous le seul prétexte qu’ils ont été obtenus par une autre technique de manipulation génétique que la transgenèse. Ils échappent ainsi à toute évaluation sur l’environnement, la santé, à toute obligation d’étiquetage, de traçabilité et d’information des utilisateurs et des consommateurs.
Des risques graves de contamination
En 2013, les OGM cachés ont représenté en France près de 20 % des cultures de tournesols. Plus inquiétant encore, les premiers semis de colzas VrTH ont démarré en 2014 et risquent de se poursuivre à une plus grande échelle en 2015. (...)
Face à cette menace, la société civile n’est pas restée immobile. L’alerte a été lancée dès 2010, avec les premières actions de dénonciation d’essais par des organisations paysannes et de la société civile, puis de fauchage de tournesols VrTH par le Collectif des Faucheurs Volontaires d’OGM. Parallèlement, la mobilisation contre les OGM cachés a été engagée par un collectif constitué de 18 organisations de la société civile (associations écologistes, fédérations d’agriculture biologique et syndicats d’agriculteurs) signataires de l’Appel de Poitiers pour sauver la biodiversité (www.appeldepoitiers.org). Depuis ces deux dernières années, ce Collectif a été plusieurs fois reçu par les représentants des ministères de l’Agriculture et de l’Environnement afin d’alerter les décideurs politiques sur cette problématique, et leur demander de s’opposer au développement des cultures de colzas et tournesols tolérants aux herbicides.
Un modèle agricole à bout de souffle
Prenant acte de l’inertie des décisions politiques face au désastre annoncé, en décembre 2014, nous, organisations soutenues par le collectif de l’Appel de Poitiers avons adressé au Premier ministre un courrier argumenté, l’enjoignant d’appliquer les réglementations existantes lui permettant de prononcer un moratoire sur la vente et la mise en culture de ces VrTH en attendant les évaluations équivalentes à celles réglementairement obligatoires pour les OGM. En l’absence de réponse, nous venons d’engager un recours juridique en s’appuyant sur les réglementations françaises et européennes qui encadrent les semences (en particulier celles issues de technologies modifiant le génome) et sur le principe de précaution inscrit dans la Charte de l’environnement. (...)
Ces OGM cachés, de quelque technologie dont ils sont issus, correspondent à un modèle agricole à bout de souffle, dans lequel les manipulations génétiques et la chimie constituent les deux béquilles. C’est encore et toujours plus de pesticides, dont les victimes sont les agriculteurs mais aussi les consommateurs qui respirent et absorbent dans leur alimentation les pesticides diffusés dans l’air et dont les plantes sont imbibées.
Il est temps que la France prenne ses responsabilités vis-à-vis des VrTH. (...)