
Liu Binyan a été décrit par le sinologue américain Perry Link comme « la conscience de la Chine ».
Ce journaliste et écrivain chinois, mort en exil aux Etats-Unis en 2005, aura subi la censure et les persécutions bien au-delà de sa mort : enfin autorisée à l’inhumer en Chine, cinq ans après sa disparition, sa famille s’est vu interdire de graver sur sa pierre tombale l’épitaphe qu’il avait choisie, « l’homme chinois qui repose ici a fait ce qu’il devait faire et dit ce qu’il devait dire ».
(...) " Mon père a déclaré avant sa mort qu’il souhaitait que les mots suivants puissent être gravés sur sa pierre tombale : “L’homme chinois qui repose ici a fait ce qu’il devait faire et dit ce qu’il devait dire.”
Mais la pierre tombale qui est devant vous ne comporte aucun mot. Et cette pierre muette donne la mesure concrète de ce qui nous sépare encore d’une société civilisée et moderne. J’ai confiance dans le fait que ceux qui nous suivront seront un jour en mesure de lire ces mots, et entendront les histoires qui se cachent derrière cette pierre. (...)"
En France, Liu Binyan est connu pour son recueil de textes dénonçant la corruption, « Le Cauchemar des mandarins rouges » (Gallimard), dont le traducteur et préfacier français, le sinologue Jean-Philippe Béja, écrivait :
« Sa position correspond en somme à celle du censeur de la Chine ancienne, cet envoyé spécial de l’Empereur qui fait connaître au souverain les abus de pouvoir des fonctionnaires dépravés. » (...)