
Pour éviter l’embrasement des forêts, menacées par le réchauffement climatique, le rapport du Sénat dévoilé ce mercredi recommande de relever les objectifs de débroussaillage et de renforcer nettement les moyens matériels et humains.
Si la stratégie française de surveillance et d’intervention rapide a « fait ses preuves », en divisant par cinq les surfaces annuelles brûlées sur la période 2015-2020 par rapport aux années 1980, changement climatique oblige, « la France doit toutefois se préparer à une évolution défavorable du risque, structurellement causée par le réchauffement climatique et l’augmentation de la biomasse forestière », note un rapport sénatorial publié ce mercredi, en plein retour d’une vague de chaleur. Il a été réalisé par six élus du centre et de la droite.
Le nouveau risque se manifeste par une intensification des feux, en fréquence et en virulence, par l’extension géographique de la menace vers le nord du pays – illustrée en juillet par un rare incendie d’ampleur en Bretagne – et par l’élargissement de la période de danger, désormais annuelle et non plus limitée à l’été.
« Les risques des feux de forêt doivent être désormais intégrés dans les politiques publiques au même titre que ceux d’inondations ou industriels », explique à l’AFP l’un des rapporteurs, Pascal Martin. (...)
Adapter le reboisement
Rappelant la grande efficacité du débroussaillage pour prévenir les feux, réduire leur intensité et préserver les habitations, les sénateurs constatent que cette obligation légale, pour environ 3 millions de propriétaires privés, est trop peu appliquée (...)
Le rapport préconise aussi de valoriser le rôle des activités pastorales et agricoles qui, en « créant des discontinuités de végétation, jouent le rôle de pares-feux ». Les élus déplorent aussi l’insuffisance des moyens aériens (les bombardiers d’eau) et réclament une augmentation des fonds annuels alloués aux services départementaux d’incendie et de secours (Sdis).
Face à une gestion jugée insuffisante de la forêt privée, qui représente trois quarts de la forêt française, les sénateurs proposent « d’abaisser le seuil d’obligation » de gestion durable pour la forêt privée à 20 hectares, contre 25 à ce jour.
Enfin, après un incendie, les sénateurs souhaitent que l’aide de l’Etat pour reboiser soit conditionnée « à des choix d’essences et de gestion adaptés au risque incendie [par exemple en maintenant des pares-feux, en expérimentant des corridors de feuillus ou une moindre densité de peuplement] ».
Remplumer l’ONF (...)
Le rapport préconise entre autres de revenir sur les 500 suppressions de postes prévues d’ici à 2025 à l’Office national des forêts (ONF) et de les rétablir « dès maintenant ». Il recommande aussi d’étendre le périmètre d’intervention de cette institution en souffrance qui gère les 11 millions d’hectares de forêts publiques françaises.
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Face aux incendies, les parlementaires réclament plus de forestiers
Cette année, les incendies risquent de battre de tristes records. Selon les dernières données du système européen d’information sur les feux de forêts, 47 286 hectares ont déjà brûlé en France depuis janvier, avec 243 feux, des chiffres supérieurs à l’ensemble de l’année 2019, la plus intense de la décennie, avec 43 602 hectares consumés en douze mois.
Parmi les plus grands incendies ayant touché la France ces quarante dernières années, trois se sont déclenchés en 2021 et 2022. Il s’agit des premiers incendies de plus de 5 000 hectares depuis 2003. Symbole de ces ravages : le feu de Landiras et de la Teste-de-Buch, en juillet dernier, en Gironde. Avec ses 13 600 hectares brûlés, il a été le plus gros feu de forêt enregistré depuis les années 1970.
Dans ce contexte, qui risque de s’aggraver avec le réchauffement climatique, plusieurs parlementaires, de différents partis politiques, ont émis des propositions pour « éviter l’embrasement ». Mardi 2 août, la présidente du groupe la France Insoumise à l’Assemblée nationale, Mathilde Panot présentait une proposition de loi pour « renforcer la résilience des forêts face aux effets du dérèglement climatique ».
Revenir sur les 500 suppressions de postes à l’ONF
Sur ce dernier sujet, elle pourrait être rejointe par des sénateurs. Mercredi 3 août, la commission de l’aménagement du territoire et du développement durable, et celle des affaires économiques, ont adopté un rapport, avec 70 propositions, qui préconise aussi d’investir dans l’ONF. Le rapport recommande, entre autres, de revenir sur les 500 suppressions de postes prévues d’ici à 2025 à l’Office national des forêts (ONF) pour, au contraire, étendre le périmètre d’intervention de cette institution publique en souffrance. Une proposition de loi pourra être déposée en ce sens à la rentrée.
De son côté, le gouvernement n’a pas donné suite pour l’instant à ces propositions. (...)