Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
les blogs du monde
Ceci n’est pas une crise, mais un effondrement global
/Biosphère/Dominique Bourg est un philosophe, professeur de l’université de Lausanne, présent dans les institutions gouvernementales, ex-pape du développement durable.
Article mis en ligne le 14 février 2013
dernière modification le 11 février 2013

« Employer le terme de crise, c’est supposer que l’on sorte d’une normalité pendant une période transitoire, mais que l’on retrouvera ensuite cet état de normalité. La période que l’on vit aujourd’hui n’a rein à voir avec cela.

Nous faisons face à une dégradation continue de la biosphère, un appauvrissement continu de ses ressources. L’ensemble des écosystèmes s’affaiblit. Nous entrons dans un goulot d’étranglement, sans aucun retour à la normale possible. Pour moi, il est clair que nous sommes dans une situation de pré-effondrement. Comme toute la base matérielle se dérobe sous nos pieds, c’est toute l’organisation sociale qui s’effondre. L’un des dangers majeurs qu’engendre le basculement des écosystèmes, c’est la chute des capacités de production alimentaire.

Tous nos modes de vie reposent sur des flux de matières et d’énergie sans cesse croissants. Sans décroissance de ces flux de matières et d’énergie, on ne s’en sortira pas. Mais il sera délicat de faire de la permaculture à côté des réacteurs nucléaires et nous n’avons pas conscience de la nécessité de la décroissance.

Croire que les taux de croissance des Trente glorieuses peuvent réapparaître en Europe, c’est pathétique… le gouvernement socialiste en France est pathétique. Entre le temps nécessaire pour nous dé-formater et la rapidité des évènements, un clash et tout à fait possible.

Il est donc probable qu’on se casse la gueule, il s’agit maintenant de penser la société de l’après-effondrement. On risque de vivre un mélange entre le délitement de Rome, qui a pris des décennies, et le XIVe siècle, quand ce sont déroulés à la fois la guerre de Cent Ans, le petit âge glaciaire et la peste noire. Un mélange de ce type nous pend au nez. Des scénarios de guerre sociale sont envisageables, avec un minimum de gens qui s’approprient la majorité des richesses. (...)

Le développement durable a accompagné la vague néolibérale. Certains y ont cru, moi y compris. Je me suis trompé. Je suis le premier à le reconnaître.