
Fuyant des bombardements intensifs, des civils - hommes femmes et enfants - ukrainiens affluent vers les pays européens voisins. Cet exode massif de la population suscite la compassion des politiques et médias étrangers. Quitte à faire de (malheureux) amalgames…
"Ce n’est pas un endroit, avec tout le respect que je vous dois, comme l’Irak ou l’Afghanistan… Où le conflit fait rage depuis des décennies…", bredouille le journaliste américain Charlie D’Agata, correspondant à l’étranger pour la chaîne CBS. "C’est un pays relativement civilisé… Un pays relativement européen… Je choisis mes mots avec prudence", continue-t-il mal à l’aise. "[Un pays] où vous vous n’attendez pas à voir ce qu’il se passe actuellement". (...)
Une intervention qui est devenue virale sur les réseaux sociaux, cumulant plus d’un million de vues sur Twitter. De nombreux internautes ont dénoncé le racisme du correspondant. Samedi 26 février, le journaliste américain s’est excusé. "J’ai parlé d’une manière que je regrette, et pour cela je suis désolé", a-t-il déclaré, ajoutant qu’il essayait de faire comprendre que l’Ukraine n’avait pas vu "cette ampleur de guerre" ces dernières années, contrairement à d’autres pays. Maladresse ou racisme banalisé ? La question est soulevée par des internautes, ainsi que par des journalistes qui s’alarment du vocabulaire employé par leurs confrères.
Un vocabulaire qui "décontextualise les conflits"
"On nous dit qui mérite la guerre, les missiles, et qui a l’air d’un bon réfugié", s’indigne la journaliste italienne Sara Creta. Ce vocabulaire "induit les téléspectateurs en erreur et décontextualise les conflits." Et les exemples à travers les médias internationaux sont nombreux. (...)
En France aussi, les interventions de personnalités politiques ou médiatiques ont fait bondir les internautes. Jean-Christophe Barbier, éditorialiste à BFM-TV, parle "d’Européens de culture" en désignant les réfugiés ukrainiens qu’il faudrait accueillir dans les pays de l’Union européenne. "Nous ne sommes pas face à des migrants qui vont passer dans une logique d’immigration", assure-t-il.
Son confrère Ulysse Gosset, éditorialiste en politique étrangère, déclare quant à lui : "On est au 21e siècle, on est dans une ville européenne, et on a des tirs de missiles de croisière comme si on était en Irak ou en Afghanistan, vous imaginez !" Des propos qui ont aussi interpellé une internaute : "Oui et alors, ça se justifiait davantage en Irak et en Afghanistan parce que ce n’était pas une ‘ville européenne ?’"
Distinction entre "migrant" et "réfugié"
L’utilisation des termes "réfugié" et "migrant" interpelle également. (...)
À l’époque, les Afghans étaient qualifiés de "migrants" dans une bonne partie de la presse française, tandis que les Ukrainiens sont aujourd’hui identifiés comme "réfugiés". Or, le terme réfugié désigne, selon la Convention de Genève, des individus qui fuient les conflits armés ou les persécutions. Comme en Ukraine mais aussi en Afghanistan (...)