
Travailler plus pour cotiser plus, produire plus, consommer plus… et polluer plus. Une façon de réduire nos émissions de gaz à effet de serre serait pourtant de réduire le temps de travail.
« Sans planète, pas de retraite », lisait-on, il y a trois ans, dans les cortèges contre la réforme des retraites tentée lors du premier quinquennat Macron. Jeudi 19 janvier, une grande partie de la galaxie du combat climatique sera à nouveau dans la rue : Extinction Rebellion (XR), Youth for Climate, Greenpeace, Les Amis de la Terre et Alternatiba ont appelé à manifester. Et c’est aussi le message qu’a fait passer la nouvelle secrétaire nationale d’Europe Écologie-Les Verts, Marine Tondelier début janvier sur France Inter : « Dans un monde à + 4 degrés dans trente ans, on ne se posera plus la question répartition ou capitalisation, 62 ou 64 ans... »
Lier la question des retraites à celle du climat n’est pas un sujet abstrait : dans les métiers à forte pénibilité, l’allongement de la durée de cotisation se fera ressentir beaucoup plus qu’ailleurs. Quand on a 60 ans et que l’on est employé dans le bâtiment ou l’agriculture, avec la hausse des températures actuelle et la multiplication des sécheresses, on connaît déjà des conditions de travail extrêmes.
Qu’en sera-t-il dans les années à venir ? (...)
Aveugle sur ce point, la nouvelle réforme des retraites du gouvernement Macron s’assied sur les carrières professionnelles de celles et ceux directement touchés par le changement climatique sur leur lieu de travail.
Mais c’est aussi une réforme qui va pousser celles et ceux qui en ont les moyens à se tourner vers les dispositifs privés d’épargne retraite et d’épargne salariale, encouragés depuis la loi « pacte » de 2019. Or ce sont principalement des produits financiers qui reposent sur des investissements dans les énergies fossiles. Et comme le montre une toute récente étude de l’ONG Reclaim Finance, les sociétés qui gèrent ces fonds n’ont pas l’intention, à ce stade, de retirer leurs billes de ces placements climaticides juteux. (...)
Enfin, cette réforme des retraites – venant d’un gouvernement qui prétend placer l’écologie au cœur de ses priorités – repose sur un logiciel productiviste. Travailler plus pour cotiser plus, produire plus, consommer plus… alors que de nombreuses études montrent qu’une façon de réduire nos émissions de gaz à effet de serre serait de réduire le temps de travail.
Il y a trois ans, les membres de la Convention citoyenne pour le climat avaient d’ailleurs imaginé une semaine de travail à 28 heures, avant de la retirer de leurs propositions finales. Ailleurs en Europe, l’idée de la semaine de quatre jours fait son chemin. (...)
Tout comme une semaine de travail plus courte, une retraite tôt, c’est plus de temps pour des mobilités lentes, une consommation moins compressée, de l’engagement associatif. C’est la possibilité d’un mode de vie plus détaché de cette économie extractiviste qui permet la livraison à domicile au bout du clic. (...)