
(...)Tout commence avec un article de Joystick traitant du prochain opus de Tomb Raider, dans lequel l’héroïne, Lara Croft, est agressée sexuellement. Problème : l’article, qui est quand même imprimé dans un journal grand public, prend le point de vue des agresseurs (fictifs, certes). Sur longues six pages, le journaliste décrit combien il a été pour lui « excitant » de voir l’héroïne se faire « remettre à sa place », « humilier » et « souiller sans ménagement ». La gameuse féministe Mar_lard s’est donc fendu d’un post sur le blog Genre ! pour expliquer, tout simplement, en quoi ce genre d’écrit est problématique. Toute une polémique a eu lieu, l’article ayant eu un énorme succès et de nombreux blogueurs ou journalistes ont décidé de donner leur opinion sur « l’affaire ».
(...) Les preuves s’accumulent pour indiquer que les médias violents ont
pour conséquence d’augmenter l’agressivité.
Ainsi, une méta-analyse de 20101, portant sur 381 études et plus de 130 000 joueurs de plusieurs pays (Etats-Unis, Japon) a montré que jouer à des jeux vidéos violents augmente l’agressivité, que ce soit au niveau du comportement ou au niveau de la pensée, et diminue l’empathie et les comportements pro-sociaux (aider quelqu’un, faire un don, etc.).
Ces effets négatifs étaient significatifs, aussi bien chez les individus occidentaux que chez les personnes asiatiques.
Cette méta-analyse a également montré les conséquences négatives des jeux vidéos violents se maintenaient à longs termes, et pas seulement à courts termes. (...)
Bien évidemment, il ne s’agit pas de dire que les jeux vidéos violents sont la cause de tous les maux. La violence existait bien avant l’apparition des écrans. Il est aussi à noter que nous ne sommes pas égaux face à la violence des jeux vidéos. Ces derniers auront peu d’effets sur certaines personnes, et en auront beaucoup sur d’autres. Visiblement, les personnes colériques sont les plus affectées7.
Il ne s’agit pas non plus d’incriminer l’ensemble des jeux vidéos, mais seulement les jeux vidéos violents.
Voilà pour ce qui en est de la violence dans les médias visuels. On voit bien que des images de violences fictives ont un impact sur la réalité, et que donc la séparation violence fictive/réelle est peu pertinente.
Passons maintenant au problème des mythes autour du viol dans les médias. (...)
Première chose : le viol est un crime tristement banal. (...)
Deuxième chose : les moteurs psychologiques du viol, et des agressions sexuelles en général, sont le sexisme et l’adhésion aux « mythes sur le viol ». (...)
Or les médias regorgent de mythes sur le viol (...)
A ce titre, l’article de Joystick est un exemple particulièrement édifiant. Le journaliste présente l’agression sexuelle de Lara Croft, du point de vue de l’agresseur. Le long des 6 pages, c’est essentiellement un mythe qui s’étale : celui de la minimisation des agressions sexuelles. (...)
Il est vrai que l’agression sexuelle de Lara Croft est fictive. Mais qu’importe, du moment que des mythes sur le viol sont colportés, le résultat est le même. (...)
Comme pour les jeux vidéos violents, de nombreuses études ont pu montrer des effets négatifs de la pornographie, en particulier qu’elle favorisait des attitudes favorables à la violence envers les femmes. (...)
Jouer à un jeu-vidéo ou regarder de la pornographie (ou lire Joystick) ne va pas faire automatiquement de vous un agresseur. Mais s’inquiéter de comment est dépeint un viol ou une agression sexuelle est un combat important.
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