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Caroline De Haas, Féministe : Cher Jean-Luc
#feminisme #violencessexistes #gifle #feminicides
Article mis en ligne le 27 septembre 2022

Tu as dit samedi soir sur France 2 qu’on pouvait ne pas être d’accord entre féministes. Je prends ça comme une invitation à une discussion politique. Je l’ouvre donc ici.

Je commence par te dire que je suis, comme beaucoup de militantes féministes à gauche, et sans doute de militant·es tout court, à la fois en colère, épuisée et triste des jours qui viennent de passer.

Tes prises de parole et celles de plusieurs personnes de ton entourage ont été une déflagration.

Elles ont envoyé un message à toutes les femmes qui ont été giflées : « c’est plus compliqué, vous comprenez ».

Elles ont envoyé – que tu le veuilles ou non - un message à tous les hommes qui ont giflé : ils sont dignes et tu leur envoies ton affection.

Elles ont envoyé enfin un message aux militantes féministes : vous n’êtes pas grand-chose.

Tu le sais : la parole publique est normative. Quand un homme ou une femme politique prend la parole, cela cadre, renforce ou détruit. Ces derniers jours, tes déclarations ont abîmé le discours politique sur les violences sexuelles que nous avons construit, développé, structuré ces dernières années.

Tu as dit que tu pouvais faire mieux. Il faudra. Il y aura d’autres histoires de violences dans les semaines, mois ou années qui viennent. Comment je le sais ? Parce que les violences sexistes et sexuelles sont massives, structurelles, présentes partout. Il y a d’autres victimes qui prendront la parole. Et donc d’autres personnes mises en cause.

Tu parles beaucoup depuis quelques jours de « principes stables », de règles. Ces principes et ces règles existent lorsque l’on prend la parole sur les violences sexistes et sexuelles. Tu les as bafoués.

- Premier principe, ne pas alimenter les mécanismes des violences. Jamais.

Ces mécanismes, ce sont notamment la banalisation, l’invisibilisation, l’inversion de la culpabilité ou le fait de valoriser les auteurs de violences pour assurer leur impunité. Vous les avez utilisés à de multiples reprises ces derniers jours, toi et plusieurs de tes proches.

Parler de « divorce conflictuel » par exemple, c’est expliquer qu’il s’agit donc d’une dispute qui a mal tourné. Adrien Quatennens reconnaît pourtant avoir giflé son ex-femme, l’avoir harcelée et lui avoir pris de force son téléphone. On n’est plus seulement dans un conflit, on est dans des violences. Ton tweet les banalise.

(...)