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Calais : maintien de l’interdiction de distribuer de la nourriture aux migrants
Article mis en ligne le 23 septembre 2020

Le tribunal administratif de Lille a rejeté mardi la demande de 13 associations et ONG de suspendre l’arrêté préfectoral leur interdisant de distribuer de la nourriture et des boissons aux migrants dans le centre de Calais. Leur avocat a annoncé vouloir faire appel. (...)

La situation des migrants dans cette ville "ne [caractérise] pas des conditions de vie indignes de nature à justifier la suspension en urgence de la mesure prise par le préfet du Pas-de-Calais", peut-on lire dans le résumé de l’ordonnance.
Selon ladite mesure, toute distribution gratuite par des associations non-mandatées par l’État est interdite jusqu’à fin septembre dans une vingtaine de rues, quais et places du centre-ville. Les autorités ont justifié cette interdiction par les "nuisances" causées par les distributions, les risques sanitaires liés au Covid-19 et le souci de salubrité publique.
(...)

"Seul effet de l’interdiction : déplacer les lieux des distributions de quelques centaines de mètres"

Pour le tribunal toutefois, les arguments des associations ne sont pas suffisamment solides, et la situation n’est d’ailleurs pas si problématique. ’"Le tribunal a constaté qu’une association mandatée par l’État [La Vie Active, NDLR] mettait à disposition d’une population de migrants estimée aujourd’hui à environ mille personnes (...) de l’eau sur la base d’une moyenne de 5,14 litres par personne et par jour et des repas au nombre de 2 402 par jour", est-il écrit dans le résumé de l’ordonnance de ce mardi.
La Vie Active est en effet présente à Calais, à proximité d’un camp situé près du rond-point de Virval, surnommé l’’’Hospital’’. Mais les associations pointent non seulement le fait que ce lieu se trouve à une heure de marche du centre-ville - où sont contraints de dormir des migrants chassés par les démantèlements - mais aussi que cette association n’est pas, à elle seule, en mesure de s’occuper de tous les migrants de la ville - au nombre de 1 500, selon les militants. 
(...) Le tribunal a également minimisé l’impact de cette interdiction sur le travail des humanitaires, estimant que "les associations requérantes continuaient à distribuer des repas et des boissons à proximité du centre-ville". "L’interdiction édictée [a] eu pour seul effet de déplacer les lieux des distributions qu’elles assurent de quelques centaines de mètres seulement", peut-on lire dans le résumé de l’ordonnance.

"Une limitation insupportable du droit des associations"

À la suite de l’interdiction, les associations avaient de leur côté expliqué en être réduites à devoir se cacher pour apporter des vivres à cette population vulnérable. Pire, au moins deux associations, l’Auberge des migrants et Salam, ont assuré avoir été l’objet de ’’harcèlement policier’’ et même de contraventions alors qu’elles menaient des distributions en dehors du périmètre interdit par les autorités.