
Alors que le démantèlement de la partie sud de la "Jungle" de Calais doit avoir lieu dans les prochains jours, le sociologue Eric Fassin dénonce une "mise en scène indécente"
Le démantèlement de la partie sud de la "Jungle" de Calais, ordonné par la préfète du Pas-de-Calais, est en suspens. Sociologue spécialiste des migrations et professeur à l’université Paris-8, Eric Fassin a cosigné une lettre ouverte intitulée : "Les Bulldozers ne font pas une politique" pour dénoncer ces expulsions. Pour l’intellectuel, "l’Etat promet beaucoup, lorsqu’il s’agit de faire avaler la pilule des démantèlements aux associations". Il dénonce une opération de communication sans aucune solution pérenne. Interview.
L’évacuation de la zone sud de la "Jungle de Calais" a pu donner l’impression aux Français qu’enfin "les choses bougent". Pour vous, ce n’est qu’un écran de fumée ?
– C’est une scène à répétition : régulièrement, on nous annonce une démonstration de fermeté, on nous promet que la situation va être réglée. Mais rappelons-nous Sangatte, non loin de Calais : c’était au début des années 2000 ! Il y a un an, l’Etat chassait déjà les migrants de tous les bidonvilles de Calais, pour les regrouper là où ils sont aujourd’hui. L’Etat s’apprête à détruire ce qu’il a créé, et qu’il proposait déjà à l’époque comme une solution.
Le problème se posera à nouveau dans quelques mois. Telle est l’inefficacité abyssale de cette médiatisation excessive de l’action de l’Etat (...)