
Émission : Ça vient pas de nulle part
Au programme : une immersion nocturne dans la file d’attente devant le bureau des étrangers de la préfecture de Marseille ; une rencontre avec l’historien Ilsen About sur l’histoire du contrôle du séjour des étrangers en France.
Chaque nuit, devant la préfecture des Bouches-du-Rhône, à Marseille, il y a des dizaines de sans-papiers qui patientent en plein vent. Les guichets n’ouvrent pourtant qu’à huit heures et quart du matin. Mais les places sont limitées. Alors, pour pouvoir déposer une première demande de régularisation, il faut être plus qu’en avance.
Il y a deux siècles, ce genre d’histoire n’existait pas. Et pour cause ! Avant la création des Etats-Nations, avant l’invention du concept de la nationalité, avant les premières lois sur l’immigration, il n’y avait pas vraiment de contrôle des étrangers en France.
Aujourd’hui, les cartes de séjour, les autorisations de travail et les expulsions nous sont tellement naturelles qu’elles semblent avoir toujours été là. Ce n’est pas vrai. Tout ce système de contrôle a été patiemment construit, et c’est ce que nous racontera l’historien Ilsen About.
Mais pour commencer, nous allons du côté de Castellane, à Marseille, dans la rue Saint-Sébastien, devant le bureau des étrangers de la préfecture. Il est à peine une heure du matin, et l’attente a déjà commencé. (...)
pour forcer la préfecture à revoir son organisation et à éviter ainsi ces files d’attente, une action en justice a été lancée par quatre associations de soutiens aux étrangers (la Cimade, les Amoureux au ban public, l’Association des juristes pour la reconnaissance des droits fondamentaux des immigrés et le Gisti – dont le juriste Hervé Gouyer, qu’on entend dans l’émission, fait partie). Leurs deux référés lancés en 2013 ont été rejetés par le tribunal administratif. Les procédures d’appel auprès du conseil d’Etat n’ont pas eu plus de succès. L’affaire a finalement été jugée au fond en septembre dernier : ce fut également un échec.
Les quatre associations ont de nouveau contesté cette décision : la cour d’appel administrative de Marseille a été saisie (...)