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Bruxelles, la police raciste tue
#violencespolicieres #racisme #Belgique
Article mis en ligne le 18 mai 2023

En avril dernier, la police a tamponné à Paris trois gamins circulant en scooter sans casque. En Belgique, une affaire similaire avait provoqué en 2020 un très vif émoi : en plein confinement, au terme d’une course-poursuite dans les rues de Bruxelles, un véhicule de police avait percuté Adil, 19 ans, mort sur le coup.

Les nouveaux éléments révélés par Blast, Le Soir et la RTBF sonnent comme un coup de tonnerre.

Avant-hier, mardi 12 mai, la chambre du conseil devait décider des suites à donner à l’affaire, sur laquelle le parquet préfère fermer les yeux. Décision reportée. Il y a quelques jours, devant la juge d’instruction, une collègue du policier au volant de la Corsa banalisée qui a fait barrage au scooter s’est épanchée sur son racisme pathologique : « J’en ai sorti un de la rue », s’est vanté l’inspecteur principal après le choc fatal. Autre révélation, un courrier dont la hiérarchie a eu connaissance circulait en interne pour dénoncer les mêmes faits.

L’affaire Adil, c’est un peu le George Floyd des Belges. À l’issue d’une course-poursuite insensée, le jeune Belge d’origine marocaine se fracasse le crâne contre un véhicule de police banalisé dont les gyrophares sont éteints. Il est projeté à plusieurs mètres. (...)

Les policiers ont pris les deux amis en chasse pour un simple « contrôle covid ». Adil a accéléré. Par réflexe ? Par peur ? Au moins trois équipes de policiers sont directement impliquées dans la chasse au gamin. Elles aussi appuient sur le champignon. Ça se resserre sur le quai de l’Industrie, où Adil revient au bercail.

Une voiture banalisée de type Opel Corsa, pilotée par l’inspecteur de police principal T., dit avoir essayé de faire un barrage. Adil Charrot ne peut éviter la collision. C’est l’embardée fatale. Son ami, qui avait semé les policiers lancés à leur poursuite, reçoit un message sur Snapchat : « Ils ont tué Adil. » Heure du décès : 21h14, une dizaine de minutes après le début de la course-poursuite. Une centaine de secondes après l’impact. (...)

L’omerta fracassée

Les jours suivants, le cœur de Bruxelles bat la chamade. Il y a des émeutes, une arme à feu est volée dans le fourgon d’une équipe d’intervention. Ça craint. Et comme souvent au royaume de Belgique, la justice se montre lente, très lente. (...)

Le parquet de Bruxelles demande un non-lieu pour les cow-boys de la zone de police Bruxelles-Midi. A ses yeux, il s’agit d’un simple accident de circulation. La faute à pas de chance.
Le 24 janvier 2021, environ 200 personnes manifestent dans le centre de Bruxelles contre « la justice de classe ». La manifestation se terminera par 150 arrestations et par de nombreuses violences policières au commissariat. (...)

Trois ans plus tard, l’instruction est toujours en cours. (...)

Ce mardi 16 mai une étape importante était programmée. Les parties au dossier avaient rendez-vous avant-hier matin devant la chambre du conseil. Dans la procédure judiciaire belge, c’est elle qui décide si une affaire doit être ou pas renvoyée devant un tribunal.

Au moment d’arriver à la réunion, chacun était bien décidé à camper sur ses positions. La surprise est d’autant plus retentissante quand les avocats sont informés que de nouvelles pièces viennent d’être versées au dossier. Un coup de théâtre comme il s’en produit peu en matière de violences policières : le 5 mai, une policière de la zone Bruxelles-Midi, appelons-là Malika, balance l’inspecteur T. sur procès-verbal.

Dans son audition devant la juge d’instruction en charge du dossier Adil, Malika témoigne du racisme ambiant dans les commissariats du centre de Bruxelles, de la nonchalance de l’état-major et de l’attitude « particulière » de l’inspecteur qui a stoppé la route et la vie d’Adil Charrot. La fonctionnaire n’est pas venue les mains vides : dans son sac, elle a emmené un courrier explosif, qu’elle remet à la juge Aurélie Dejaiffe. Il a été rédigé par un groupe de policiers. Adressée à leur hiérarchie, la lettre dénonce l’attitude et les propos inacceptables de l’inspecteur T.. Elle pointe par ailleurs le fait que ses dérives ont été couvertes par un commissaire de la zone Midi. Accablant. (...)

L’omerta vient de se briser d’un coup. (...)

dans ces conditions, après ce spectaculaire rebondissement, que la chambre du conseil du tribunal correctionnel de Bruxelles a décidé hier de geler la procédure, pour un supplément d’information. Prochain rendez-vous, le 5 septembre. (...)

La police belge, institution à la dérive (...)