
L’Union européenne possède un long parcours en matière de promotion de l’égalité entre les hommes et les femmes, l’Europe peut être fière du progrès accompli depuis ces dernières décennies.
Le droit européen protège les femmes contre toute discrimination liée au sexe. Les règles européennes garantissent également des droits minimums communs pour les congés familiaux. 60% des nouveaux diplômés de l’université dans les pays de l’Union européenne sont des femmes. En dépit de la crise économique, le taux d’emploi des femmes est d’aujourd’hui de 62%, contre 55% en 1997.
Les inégalités existent toujours...
Toutefois, dans les grandes entreprises européennes, de nombreuses femmes continuent de faire face à un "plafond de verre" qui rend difficile toute progression dans leur carrière. Actuellement, les conseils d’administration des entreprises cotées en bourse sont essentiellement masculins : 86,3% des membres de conseils d’administration et 96,8% de leurs présidents sont des hommes, contre respectivement 13,7 % et 3,2% pour les femmes.
Malgré un débat public intense et les rares initiatives volontaristes prises à l’échelle nationale et européenne, la situation n’a guère changé ces dernières années.
En mars dernier, le rapport présenté par la Commission européenne sur la proportion de femmes dans les conseils d’administration des entreprises européennes n’a relevé qu’un une légère hausse sur les derniers mois : +1,9% d’octobre 2010 à janvier 2012. Un progrès à comparer à la hausse moyenne mesurée sur la dernière décennie, soit seulement 0,6% par an. De plus, la France compte à elle seule pour près de la moitié de la hausse enregistrée dans toute l’Union européenne sur l’an dernier, suite à l’introduction de quotas dans sa législation nationale en 2011.
Globalement, les changements demeurent très mitigés
Un progrès tangible est l’exception et non la règle, des progrès n’étant perceptibles que dans les seuls pays où les quotas sont introduits. A ce rythme, il faudrait 40 années supplémentaires pour parvenir à un équilibre au sein des conseils d’administration, avec au minimum 40% de mixité.
Il est temps désormais de parachever 50 ans d’action de l’Union européenne pour la promotion de l’égalité entre les hommes et les femmes en s’attaquant, cette fois frontalement, à cette question.
(...) Les entreprises ont besoin d’un cadre juridique cohérent et fiable, en particulier lorsqu’elles souhaitent faire des affaires dans les Etats membres de l’Union européenne. Notre proposition a ainsi pour objectif de créer un large cadre juridique européen, qui permette d’aider à la décision politique aux plans national et européen et d’offrir la sécurité juridique nécessaire aux chefs d’entreprise. (...)
Nous avons apporté le plus grand soin à la rédaction de notre proposition de directive européenne : en effet, d’une part, nous voulons promouvoir l’égalité entre hommes et femmes au sein des conseils d’administration grâce à des mesures spécifiques en faveur du sexe sous représenté ; et d’autre part, nous ne devons pas et n’allons pas établir une discrimination envers des candidats postulant pour un emploi particulier dans l’entreprise. Sous les règles que nous préconisons, la qualification et le mérite demeureront le critère clé pour accéder à ces postes de direction. Sans oublier, naturellement, qu’une telle législation de l’Union européenne favorisant l’égalité entre sexes dans conseils d’administration doit être limitée dans le temps : des mesures en faveur du genre sous représenté ne sont applicables que s’il y a sous-représentativité, autrement cela conduirait à plus d’inégalités.
(...)
Par
- Mme Viviane Reding, Vice-Présidente, Commissaire européenne à la justice.
- M. Antonio Tajani, Commissaire européen à l’Industrie
- M. Joaquin Almunia, Commissaire européen à la compétitivité
- M. Olli Rehn, Commissaire européen aux affaires économiques
- M. Michel Barnier, Commissaire européen au marché intérieur et aux services
- M. Lazlo Andor, Commissaire européen à l’emploi