Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Blogs de Médiapart
Bréviaire algérien de la révolte à l’usage des (mauvaises) oreilles médiatiques
Article mis en ligne le 7 avril 2019

Dans l’étendue de ses signifiants, le soulèvement algérien en cours est porteur d’une lisibilité inouïe à travers ses slogans.

Le spectre des emprunts démontre clairement, et en premier, un ancrage ultra-contemporain, à l’écoute de l’internationale des images et du sens.
La révolte populaire sait aussi replonger dans l’histoire plus ou moins récente, pour raccrocher les wagons de son propre récit. Le militant a de quoi se construire un vocabulaire. Le poète peut y retrouver l’inspiration fuyante. Le théoricien jubiler à l’idée de voir ses hypothèses trouver piste d’atterrissage. Questionné sur les voies institutionnelles et juridiques pour une sortie de crise, un militant en vue a osé cette réponse : « Compilons soigneusement tout ce qui est dit et écrit dans les rues du pays depuis le 22 février, nous en ferons facilement notre nouvelle Constitution »

Le poète cesse un peu de l’être s’il insiste à jouer un peu trop le militant. Le militant, par contre, peut devenir poète s’il sait avec finesse sublimer sa cause. On saura dans le temps si les ultras des clubs de foot ont été des militants inaudibles ou des poètes visionnaires. Ce qui est certain, c’est qu’ils ont mis la barre de la rime bien haute. Et le débordement a opéré sur tout le territoire... (...)