Absence de culture politique, faiblesse des institutions, poids des inégalités et de la corruption : l’urbaniste João Whitaker expose dans cet entretien les causes de l’arrivée au pouvoir de l’extrême droite au Brésil.
La Vie des idées : João Whitaker, comment analysez-vous aujourd’hui la victoire de Jair Bolsonaro le 28 octobre 2018, avec 55,1 % des suffrages et près de 58 millions de voix, et son accès au palais du Planalto le 1er janvier 2019 ?
João Whitaker : De nombreux facteurs ont joué, mais je pense que l’une des principales raisons tient au faible degré de politisation et au manque de culture politique de la société brésilienne, même 34 ans après la fin de la dictature. Comme tous les pays sous-développés (je parle ici des pays profondément marqués par les inégalités indépendamment de leur position dans la hiérarchie économique mondiale), le Brésil vit une situation dichotomique marquée par une très forte concentration des richesses et un accès inégal à l’information et à l’éducation. (...)