
Entre expulsions et problèmes d’insécurité, les habitants des squats vivent dans la crainte de se retrouver à la rue. C’est le cas à Talence et Bègles, où enquête sociale et Espace temporaire d’insertion laissent les occupants dans l’attente d’une proposition de relogement.
Depuis novembre dernier, d’anciens locaux inoccupés de l’Université de Bordeaux hébergent 150 personnes dans un squat social baptisé L’Ascenseur, au 40 rue Lamartine à Talence. Les occupants – de nombreuses familles et une trentaine d’enfants pour la plupart scolarisés dans les écoles de la commune – risquent de se retrouver à la rue prochainement.
Jeudi 7 février, les résidents ont reçu la visite d’un huissier, envoyé par le propriétaire, leur demandant de quitter les lieux sous 72 heures. La situation résulte d’un jugement rendu en novembre, l’Université souhaitant « valoriser le parc de Lamartine ». Sans solutions de replis, les familles continuent d’occuper l’endroit.
Citoyens et associations ont formé un collectif pour apporter leur soutien et réclamer un délai afin de trouver des opportunités de relogement. Ils ont mis une pétition en ligne qui a atteint plus de 500 signatures depuis une semaine. (...) (613 au 25 février)
Depuis plus de deux mois, citoyens et associations (Ovale Citoyen, Secours Populaire, ARTS, Tri Potes et Mascagnes…) multiplient les actions d’insertion pour les résidents de L’ascenseur. Les adultes peuvent suivre des cours de français et obtenir de l’aide pour les démarches administratives, les enfants reçoivent un soutien scolaire et tous ont un accès au soins et à une aide alimentaire.
Contacté par Rue89 Bordeaux, le maire de Talence, Emmanuel Sallaberry, explique la situation :
« Nous avons mis en place des moyens pour tenter d’assurer une sécurité, qui a connu des difficultés récemment avec des cambriolages et incivilités dans le quartier. Mais les interlocuteurs sont avant tout : l’État, le département et l’université. La mairie ne peut pas fournir une aide de la même ampleur. On pourra avoir des possibilités de relogement mais dans un cadre réglementaire défini par le préfet. »
Enquête sociale
Avant de recourir à la force publique pour procéder à l’expulsion des habitants, la préfecture de la Gironde devra réaliser une enquête sociale s’appuyant sur « leur situation personnelle, leur état de santé, leur parcours et leurs aspiration ». La requête a été adressée dans un courrier au préfet, Didier Lallement, le 9 février. Depuis cette demande, le Collectif de soutien à L’ascenseur n’a pas eu de nouvelles. (...)
Pour tenter de résorber l’habitat indigne, la ville de Bègles a candidaté pour l’accueil d’un Espace temporaire d’insertion (ETI) à l’occasion d’un conseil Métropolitain en novembre 2017, suivie par Mérignac et Bordeaux. L’opération consisterait à aménager un lieu de vie provisoire décent pour les familles roms, le temps d’un accompagnement vers une insertion professionnelle pérenne. (...)