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"Bombe climatique", violation des droits humains... On vous explique pourquoi EACOP, le projet d’oléoduc de TotalEnergies en Afrique de l’Est, est contesté
Article mis en ligne le 18 octobre 2022
dernière modification le 17 octobre 2022

Accusé de mener un mégaprojet pétrolier en Ouganda et en Tanzanie au mépris des droits humains et de l’environnement, le groupe français doit comparaître mercredi devant le tribunal judiciaire de Paris.

Ses opposants n’hésitent pas à parler d’une "bombe climatique". Le groupe français TotalEnergies veut creuser de nouveaux puits pétroliers en Ouganda et construire un pipeline chauffé à travers la Tanzanie pour acheminer l’or noir jusqu’à la mer. Un mégaprojet mené au mépris des droits humains et de l’environnement, selon six ONG, qui poursuivent le groupe en justice. Une première audience sur le fond doit se tenir, mercredi 12 octobre, mais la communication tardive de l’argumentaire de défense de l’entreprise pourrait provoquer son renvoi, à la demande des ONG, qui veulent avoir le temps d’en prendre connaissance. (...)

Ces associations se basent sur la loi relative au devoir de vigilance, qui oblige les multinationales à "prévenir les atteintes graves envers les droits humains, la santé et la sécurité des personnes ainsi que l’environnement" chez leurs sous-traitants et fournisseurs étrangers, par l’intermédiaire d’un "plan de vigilance". Elles ne sont pas les seules à s’inquiéter : le projet a été épinglé en septembre par le Parlement européen et de nombreux scientifiques, comme les climatologues Jean Jouzel et Valérie Masson-Delmotte, réclament son abandon dans une tribune au Monde publiée lundi 10 octobre. Franceinfo fait le point sur ce projet controversé.

Plus de 400 puits et 1 400 km de pipeline (...)

Une "bombe climatique" et environnementale

Sur le fond, le projet est dénoncé pour son impact environnemental. Une partie des forages doit se faire dans le parc national des Murchison Falls et présente un risque pour la biodiversité qu’abrite le plus grand et le plus ancien parc naturel d’Ouganda. (...)

Sur le plan climatique, ce projet "est un immense doigt d’honneur à tous ceux qui luttent contre le réchauffement climatique après les canicules terribles en Europe et les inondations meurtrières au Pakistan", estime le député européen Pierre Larrouturou (Nouvelle Donne). L’élu rappelle que l’Agence internationale de l’énergie (AIE) – "pas trois rigolos dans leur coin, mais la plus haute autorité en matière d’énergie" – avait estimé en 2021 (PDF, en anglais) qu’il ne fallait pas lancer de nouveaux projets d’exploitation d’énergies fossiles pour atteindre la neutralité carbone et respecter l’accord de Paris.

L’utilisation par nos sociétés d’énergies fossiles pour se déplacer, se loger ou se nourrir est en effet la principale cause du réchauffement de notre climat. (...)

Des violations des droits humains dénoncées

Au-delà des dégâts environnementaux à venir, le projet provoque déjà des dégâts sociaux. Le Parlement européen s’est inquiété le 15 septembre des "violations des droits de l’homme" commises contre les opposants au projet, en Ouganda comme en Tanzanie, citant "arrestations, actes d’intimidation et harcèlement judiciaire contre les défenseurs des droits humains et les organisations non gouvernementales". Dans ce texte non contraignant (en anglais), les eurodéputés pointent le risque d’expulsion pour 100 000 personnes sans garantie de compensation et appellent l’Ouganda, un pays dirigé depuis 1986 par Yoweri Museveni, à laisser les ONG et les journalistes accéder à la zone concernée. (...)