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lundi matin
Bobigny’s burning
Début de fusion - Par Serge Quadruppani
Article mis en ligne le 14 février 2017

« Je peux voir d’ici des visages de gens qui ne sont pas contrôlés tous les jours comme nous et je les remercie d’être là » : à part les remerciements tout à fait inutiles puisque c’était la moindre des choses d’être là, la phrase prononcée par un des orateurs mérite d’être citée parce qu’elle résume ce qui a commencé à entrer en fusion à Bobigny, samedi 11 février : l’alliance de ceux qui parfois s’exposent à l’arbitraire policier par l’affirmation d’un désaccord radical avec ce que défend la police, et d’autres qui sont exposés aux exactions policières de naissance. Car c’est une chose que de risquer d’être contrôlé, gazé, tabassé, éborgné, tué, parce qu’on manifeste plus ou moins vigoureusement son opposition, c’en est une autre, bien plus pénible, que d’être exposé au même risque simplement parce qu’on est né à tel endroit, dans tel milieu socio-culturel, comme Théo, Adama, Zyed et Bouna.

Cela se passait dans un parc, sous la passerelle Marie-Claire, héroïne malgré elle d’un procès pour avortement qui en 1972, allait ouvrir la voie à la dépénalisation de l’interruption de grossesse. Comme l’hôtel de ville, le tribunal de grande instance de Bobigny a cette particularité de ressembler à un château-fort moderne dont la masse surplombante n’offre que de rares accès contrôlés. La passerelle menant au palais censé incarner cette justice qu’on réclamait pour Théo était barrée par des robocops surarmés de presque autant de caméras que de LBD : comment s’étonner que certains aient voulu en forcer l’accès ? Coïncidence troublante, cet accès portait le nom d’une jeune fille qui avait en commun avec Théo d’être prolétaire et victime d’un viol. (...)