
La violente répression de la manifestation des « gilets jaunes », samedi, pose une nouvelle fois la question de l’utilisation des munitions explosives. « Libé » donne la parole à trois victimes.
Quel est le vrai bilan de la manifestation parisienne des « gilets jaunes » de samedi, émaillée d’incidents violents avec les forces de l’ordre ? La préfecture avait rapidement livré le sien : 31 blessés, dont 24 chez les manifestants. Qu’en penser aujourd’hui ? Depuis une semaine, les vidéos se sont mises à tourner. Les témoignages se sont multipliés.Il y a eu ces images du jeune Gabriel, dont la main a été partiellement arrachée, auquel Libération a déjà consacré un article, et dont la mère témoigne aujourd’hui. Il y a ce récit d’un gilet jaune marnais qui raconte dans l’Union ses blessures aux mains. Il y a ces deux nouvelles victimes, Pierre et Antonio, qui témoignent dans nos colonnes. Il y en aurait d’autres, à en croire des avocats qui réfléchissent à un dépôt de plaintes groupé.
Ces victimes ont en commun d’avoir été blessées, plus ou moins gravement, par des grenades tirées par les forces de l’ordre. Et certaines blessures, les plus graves, suggèrent la signature de la GLI-F4, cette grenade explosive qui (des vidéos en attestent) a bien été utilisée en plus du déluge de grenades lacrymogènes (5 000) tiré samedi à Paris. La France est le seul pays d’Europe à utiliser, pour des opérations de maintien de l’ordre, ces grenades qui ont déjà coûté en 2018 une main à un jeune homme à Notre-Dame-des-Landes. (...)