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Blé OGM en Argentine : feu vert pour sa commercialisation
#blé #ogm #Argentine
Article mis en ligne le 21 janvier 2023
dernière modification le 20 janvier 2023

Au prétexte des tensions actuelles sur le marché du blé, l’Argentine a autorisé, en mai 2022, la commercialisation d’un blé transgénique. Ce blé est censé tolérer un herbicide et certaines conditions de sécheresse. Seule la culture de ce blé avait été autorisée en octobre 2020. Mais sa commercialisation était conditionnée à son autorisation d’importation par le Brésil. C’est désormais le premier blé OGM dans le monde autorisé à la commercialisation, au grand dam des acteurs économiques nationaux et internationaux.

C’est une première mondiale : par la résolution 27/2022 du 12 mai 2022 [1], le gouvernement argentin a autorisé la commercialisation d’un blé transgénique. Ce blé tolère un herbicide, le glufosinate d’ammonium, et certaines conditions de sécheresse [2]. La chercheuse à l’origine de ce blé, Raquel Chan, précisait à Inf’OGM, qu’« il y a des environnements où les différences entre transgéniques et non transgéniques ont été de 90 % (lieux où la productivité est très faible, environnement défavorable), et d’autres où cette différence est de zéro ou proche de zéro » [3]. Ce blé est commercialisé sous le nom de HB4 par Trigall, une joint-venture entre Bioceres et le semencier français Florimond-Desprez [4].

La culture de ce blé avait été autorisée en octobre 2020 [5], mais pas sa commercialisation. En effet, grande exportatrice de blé, notamment vers le Brésil, l’Argentine avait alors conditionné l’autorisation de la commercialisation de ce blé à son autorisation d’importation dans ce pays. C’est chose faite depuis le 11 novembre 2021, le Brésil ayant limité cette autorisation (...)

Dans un document présentant ses prévisions [7], Bioceres annonce que 4 % de la sole de blé [8] sera transgénique pour la campagne 2022/2023 et 30 % pour celle de 2023/2024. Le potentiel pour progressivement inonder le marché avec la farine de ce blé est bien réel.

De nombreux acteurs, notamment économiques et de défense de l’environnement, s’insurgent contre cette autorisation. Dans la mesure où ce blé est conçu expressément pour tolérer un herbicide, il est évident que sa production augmentera à terme l’utilisation de cet herbicide, avec des conséquences néfastes pour l’environnement. Et pour la santé humaine ? La question se pose car contrairement au soja, le blé se retrouve directement dans l’alimentation humaine. (...)

Par ailleurs, la contamination de la filière blé non transgénique (et notamment bio), est inévitable. Rappelons que seuls quelques essais de Monsanto de blé transgénique au début des années 2000 ont suffi pour qu’on retrouve encore des repousses 20 ans après [10]. Or l’Argentine, septième exportateur mondial de blé [11], va exporter cette année près de la moitié de sa production de blé et seuls cinq pays (Australie, Brésil, Colombie, Nouvelle-Zélande [12] et Nigeria [13]) ont pour le moment autorisé – ou vont très prochainement le faire - l’importation de farine de ce blé [14]. Un cinquième pays, les États-Unis, a examiné ce dossier. (...)

Avec ce peu de pays acceptant le blé HB4, toutes les récoltes en Argentine devront être stockées séparément et les lots non transgéniques exportés devront être testés, renchérissant les coûts de leur commercialisation.

Mais pour l’heure, comme l’a déclaré le secrétaire à l’Agriculture, Matías Lestani pour justifier cette autorisation, il fallait « profiter de l’opportunité générée par la scène internationale », se référant à la guerre russo-ukrainienne « qui met en péril toute la chaîne d’approvisionnement mondial » [21].

Les acteurs économiques se rebellent (...)

Combien de temps se passera-t-il avant de constater les premières contaminations ? Et qui paiera pour les lots déclassés ? Pour le moment, ni le soja ni le blé HB4 ne sont autorisés dans l’Union européenne.