
Du 11 au 13 octobre 2013 se tient à Washington la réunion annuelle du FMI et de la Banque mondiale, il est nécessaire de revenir sur les promesses du Millénaire pour le développement. |1| L’histoire du développement économique est pleine de tentatives de corriger les "erreurs" de la politique de développement. L’approche utilisée a consisté en l’ajout de nouveaux éléments à l’agenda, afin d’élargir les thématiques prises en compte dans les décisions politiques en y intégrant des préoccupations environnementales et sociales.
L’échec de cette méthodologie saute aux yeux : sur les huit objectifs du millénaire pour le développement (OMD), seuls deux sont atteints et il est fort peu probable que les autres le soient pour 2015. En d’autres termes, les résultats de l’actuel agenda de développement sont scandaleusement minces |2|.
De fait, il n’est sans doute pas nécessaire d’ajouter de nouveaux éléments à ce cadre, il est préférable de voir si les éléments déjà intégrés fonctionnent et si non s’ils doivent en être éliminés. C’est le cas de la dette comme outil de développement politique, économique et social.
Depuis le Plan Marshall en Europe, les cercles politiques fonctionnent avec l’idée que les prêts internationaux constituent l’un des facteurs fondamentaux du développement. Dès la fin des années 1940, la Banque mondiale a fait de l’endettement des pays la clé de leur développement. L’expérience a démontré que cette approche aboutit à un échec total. Dans de multiples cas, les conditions de vie de dizaines de millions de personnes se sont dégradées à cause des politiques d’endettement mises en place par la Banque mondiale, le FMI avec le soutien ou la complicité des gouvernements en place |3|.
Au lieu de doter les pays en développement de ressources nouvelles, le système dette a obligé ces pays à accorder la priorité aux remboursements des créanciers au détriment des services sociaux de base. Selon les données de la Banque mondiale, rien qu’en 2010, les pays en développement ont payé 184 milliards de dollars au titre du service de la dette, environ le triple du montant annuel qui aurait été nécessaire à la réalisation des OMD.
Il est plus troublant encore de savoir qu’entre 1985 et 2010, les montants remboursés ont été supérieurs aux montants prêtés de 530 milliards de dollars |4|. Ce transfert net de ressources des pays en développement vers les créanciers représentent l’équivalent de 5 fois le Plan Marshall.
Au cours de cette période, la dette a été le levier utilisé par les institutions financières internationales et les pays créanciers pour obliger les pays à adopter des politiques les empêchant d’octroyer des conditions de vie décentes à leur population. Privatisations, réductions massives d’effectifs dans les services publics, abandon des barrières douanières, toutes ces politiques imposées aux pays en développement ont rendu impossible toute forme de souveraineté alimentaire et ont sérieusement miné la possibilité pour ces pays d’atteindre le développement par des moyens endogènes.
C’est clairement une question politique et non un problème de nature économique, mais c’est un fait que la dette demeure l’obstacle majeur au développement.
- Il faut donc éliminer cet obstacle comme l’affirme le CADTM depuis sa création en 1990.
- Il faut également remplacer la Banque mondiale et le FMI par de nouvelles institutions.(...)