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Le Monde
Baisse des revenus, suicides : la crise des agriculteurs « fait beaucoup moins de bruit que l’affaire Alstom »
Article mis en ligne le 18 octobre 2016

Des chiffres préoccupants. Alarmants même. Les données révélées en début de semaine par la Mutualité sociale agricole (MSA) mettent en lumière la situation de détresse du milieu agricole. Un tiers des agriculteurs a touché moins de 350 euros par mois en 2015. Les appels à l’aide vers la plate-forme Agri’écoute ont été multipliés par trois en un an, au premier semestre 2016. Et entre 2010 et 2011, près de 300 suicides d’agriculteurs ont été comptabilisés.

(...) en 2003, déjà, 47 % des agriculteurs avaient un revenu inférieur au smic, et près de 21 % vivaient sous le seuil de pauvreté. « La problématique du revenu est présente depuis 1997 et ça ne fait qu’empirer, selon M. Bougeard. Cela fait longtemps que les paysans ne peuvent plus vivre de leur métier. On est dans des problèmes structurels, et les événements conjoncturels comme la crise du lait ou la grippe aviaire viennent amplifier le phénomène. »

Pour éviter l’isolement et la disparition, dans le silence, des exploitations et des agriculteurs, des initiatives ont été prises. La MSA a par exemple mis en place, en 2011, un plan national d’actions contre le suicide. Le dispositif Agri’écoute a été lancé en 2014 avec l’aide d’associations partenaires, telles que SOS Amitié ou SOS Suicide Phénix. En parallèle, des cellules de prévention ont été créées sur l’ensemble du territoire pour détecter les agriculteurs en grande détresse sociale.

Lorsqu’ils sont repérés, ils peuvent recevoir l’aide d’un psychologue, d’un médecin du travail ou même de banquiers pour tenter de régler leurs problèmes. Des rencontres entre agriculteurs d’un même territoire sont également proposées pour mettre un terme à l’isolement.

« Ce sont souvent des hommes entre 45 et 55 ans qui nous appellent quand les problèmes physiques apparaissent, que la question de la succession commence à se poser et que les enfants sont partis de la maison, précise le docteur Véronique Maeght-Lenormand, de la MSA. Ils passent alors par plusieurs phases : la colère, la résignation, la dépression. »

« Un métier que tout le monde dénigre » (...)

Même si la passion de faire un métier à part est toujours présente chez une majorité d’entre eux, la question de leur place et de leur image dans la société est également un facteur aggravant de ce malaise. « L’agriculteur est perçu comme un pollueur, déplore Véronique Maeght-Lenormand. Ce n’est pas facile quand vous faites un métier que tout le monde dénigre. Il faut redonner du sens à leur travail. » (...)