
Après son départ de France Inter, le journaliste et critique prend les commandes, ce mercredi 7 septembre, de “La grande librairie”, l’émission littéraire de France 5, où il succède à François Busnel. Entretien.
Il ressent, confie-t-il, un mélange « d’appréhension » et « d’envie d’y être ». Mercredi 7 septembre, à 21 heures, Augustin Trapenard rouvre les portes de La grande librairie, et tourne une page de quatorze ans en succédant à François Busnel. Pour ce baptême du feu, le critique littéraire passé par Elle, France Culture, Le Magazine littéraire, Canal+, Brut et France Inter reçoit les figures de la rentrée littéraire Virginie Despentes (Cher connard, éd. Grasset), Lola Lafon (Quand tu écouteras cette chanson, éd. Stock), Laurent Gaudé (Chien 51, éd. Actes Sud) et Blandine Rinkel (Vers la violence, éd. Fayard). À quelques heures de l’enregistrement de l’émission, réalisé lundi 5 septembre, le journaliste de 43 ans fixe son cap.
À quoi va ressembler La grande librairie version Trapenard ?
C’est une émission institutionnelle qui renvoie à un grand héritage culturel et médiatique : un programme de prime time entièrement dédié à la littérature. C’est unique au monde. Je l’ai pensé dans la continuité de cet héritage que je veux perpétuer. Je suis devenu qui je suis en regardant Bernard Pivot. Mais une émission de plateau repose aussi sur son incarnation et sa programmation. Au détour de chaque phrase, ça va changer évidemment ! François Busnel a choisi avec courage de se tourner vers des projets de cinéma, il sera toujours à mes côtés pour préserver cet écrin et défendre les métiers du livre, à l’heure du « tout, tout de suite » et de l’épilepsie du monde. (...)
C’est vraiment un défi auquel je me donne entièrement. Cela me dépasse, c’est au-delà de moi ! Car derrière, il y a un enjeu pour la place de la littérature à la télévision et pour les métiers du livre. Je m’engage avec humilité et joie. J’ai abandonné France Inter pour m’y consacrer. Recevoir quatre invités est un travail monumental. Savoir que François Busnel reste à mes côtés [comme producteur, ndlr] est rassurant. Il m’a choisi et va me regarder d’un œil bienveillant, à la fois coach, mentor, ami, grand frère… Et en me laissant une liberté éditoriale et une liberté de programmation totales. Quand j’ai créé 21 cm, il est le seul à m’avoir appelé et proposé de déjeuner avec moi. (...)
Choisirez-vous les invités ensemble ?
Non. La condition de mon arrivée était d’avoir une liberté totale. Cette émission, il faut que je la porte, que je l’embrasse ! François sait comme moi que cela ne fonctionne que si l’on croit entièrement à la parole des invités, ce qui implique de les avoir choisis. Quand à Canal+, on a essayé de m’imposer des invités, je suis parti… (...)
« Ne pas donner au public ce qu’il aime, mais lui donner ce qu’il pourrait aimer », disait François Busnel à propos de La grande librairie, en citant Jacques Chancel. Est-ce aussi votre approche ?
C’est une évidence. Quand on compose un plateau, on essaie de convaincre ceux qui nous regardent de s’intéresser à cette parole et de lire les livres. Mon émission ne sera pas un tribunal du bon goût mais un catalyseur de réflexions, d’émotions, de sens. (...)
Vous arrivez sur une chaîne de télé de service public au moment où la redevance vient d’être supprimée. Êtes-vous inquiet pour l’avenir de l’audiovisuel public ?
Oui. Ça a été et c’est encore un motif d’inquiétude. Cette nouvelle façon de financer l’audiovisuel public comporte des risques avec lesquels il va falloir composer. Cela nécessite d’être toujours vigilant pour maintenir la liberté éditoriale, qui fait le sel du service public. C’est un traitement de l’information autre que celui des chaînes privées. Cette liberté ne doit pas être mise en danger.