
L’enquête de l’IGPN a retrouvé les cinq policiers porteurs de LBD qui ont tiré dans le secteur des Champs-Élysées le 8 décembre, quand Alexandre Frey a perdu son œil.
À ce stade des investigations, aucun des CRS entendus dans le cadre de l’enquête ouverte pour « violences volontaires par personne dépositaire de l’autorité publique ayant entraîné une mutilation ou une infirmité permanente » n’a reconnu en être à l’origine.
Un restaurateur témoin des faits (...)
Alexandre Frey est, lui, venu à Paris avec trois amis. En début d’après-midi, cet intermittent du spectacle de 37 ans, originaire de l’Oise, est pris dans le tourbillon de la manifestation. Reconnaissant avoir manifesté sa « colère », il explique dans sa plainte ne jamais s’en être pris physiquement aux forces de l’ordre avant d’être atteint au visage entre 13h30 et 14 heures. Ce que confirme un témoin des faits. (...)
Au total, selon les fiches récupérées par les enquêteurs de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN), la CRS 3 a effectué 27 tirs de LBD ce jour-là, mais aucun dans la tranche horaire indiquée par Alexandre Frey. Ce qui ne signifie pas grand-chose : compte tenu de la situation, les policiers expliquent avoir été dans l’impossibilité de noter chaque heure précise de tir. Les horaires retenus sont donc pour la plupart fictifs.
L’avocat du Gilet jaune exaspéré
Les cinq utilisateurs de LBD de la compagnie ont été entendus. Et tous assurent ne jamais avoir atteint le trentenaire. Un gardien de la paix, qui a tiré à trois reprises, témoigne par exemple avoir atteint au buste un homme casqué quand ses deux autres tirs n’ont impacté personne. Un autre relate avoir touché la cuisse de sa cible lors de son unique tir. En revanche, un autre gardien de la paix se souvient avoir vu un homme se mettre les mains sur le visage et s’accroupir avec du sang partout. Et s’il reconnaît s’être mis en position de tir face au groupe où se trouvait Alexandre Frey, il indique ne jamais avoir visé la victime. (...)
La situation exaspère Me Yassine Bouzrou, l’avocat d’Alexandre Frey, dont la plainte est à l’origine de l’enquête. « Le secteur est truffé de caméras de vidéosurveillance. Donc soit les enquêteurs de l’IGPN sont incompétents, soit ils ont reçu l’ordre de ne pas identifier le tireur », accuse le pénaliste.