
Le procès de neuf personnes poursuivies pour l’organisation de manifestations interdites à Sainte-Soline a dû être suspendu, vendredi 8 septembre, en raison du trop grand nombre de personnes à entendre. Au fil de l’audience, la pression judiciaire est montée, inexorable, sur les prévenus.
Sept heures d’audience, et un grand trou judiciaire à la sortie. Les travaux du tribunal correctionnel ont dû être suspendus vers 21 heures face à la quantité de travail qu’il restait à abattre : sept témoins, un réquisitoire, six plaidoiries. (...)
Les témoins ont eu droit à des acclamations à la sortie de leur après-midi de confinement avant de repartir, pour certains, à l’autre bout de la France, sans avoir pu s’exprimer. (...)
Ni jugées ni renvoyées vers une autre procédure judiciaire, les neuf personnes poursuivies se retrouvent dans les limbes judiciaires puisque suspendues entre les deux dates de leur procès. À l’issue de la première audience, elles semblent aussi avancer sur une autre ligne. Celle qui sépare deux visions de la démocratie : le respect de la loi ou la désobéissance civile. (...)
Le juge Éric Duraffour tombe sur une difficulté : les prévenus exercent leur droit au silence. C’est une forme d’autodéfense qui consiste à laisser les avocat·es répondre à sa place quand on se retrouve devant la justice. Aucun d’entre eux ne répond aux questions du magistrat, mais ce n’est pas encore le moment des plaidoiries de la défense.
Alors dans la salle surchauffée et mal sonorisée du tribunal judiciaire de Niort, le juge se lance dans un monologue ponctué de questions de plus en plus pressantes et accusatrices. Face à lui, un groupe de personnes assises en contrebas de son estrade le regarde. Et reste muet. (...)
Vers 21 heures, la température redescend à peine et la tension est palpable. Il reste plusieurs heures d’audience. Le magistrat finit par inviter les avocat·es en aparté. La décision est prise de suspendre l’audience. Elle reprendra le 28 novembre.