
A chaque image de poubelle en feu, de charge policière ou de tir de mortiers d’artifice, ils sont une nuée, téléphone à la main, à saisir l’image en même temps. Apparus sur le trajet des manifestations avec, le plus souvent, la volonté d’apporter un récit des événements différent de celui des chaînes d’information, ces « reporters journalistes ou reporters citoyens sont de plus en plus nombreux », constate Rémy Buisine, 32 ans, présent sur le bitume depuis les attentats du 13 novembre 2015, aujourd’hui attaché au média en ligne Brut. Son direct lors de la journée de mobilisation du 23 mars contre la réforme des retraites, qui a duré dix heures et demie, a totalisé 5 millions de vues.
(...) « des nouveaux se lancent, restent un temps, s’en vont, et sont remplacés par d’autres », décrit à son tour Clément Lanot, 25 ans, créateur de l’agence de presse CLPress.
« Je trouve qu’ils se débrouillent mieux que nous. C’est une génération très réseaux sociaux, présente sur toutes les plates-formes », assure le reporter indépendant Jules Ravel, présent notamment sur Twitter (...)
Hors de question, pour tous ces reporters, de jeter l’opprobre sur un seul de leurs collègues, nouveaux ou anciens, amateurs ou professionnels : en manifestation, la solidarité est de mise. Quant au but poursuivi, il est le même pour tous : documenter ce qui se passe au cœur des cortèges. « Peut-être que je serai au bon endroit au bon moment, et que ma photo sera la seule à avoir du poids » quand il s’agira d’apporter un témoignage déterminant, se dit ainsi Louis (...)
Photographier, filmer, poster est devenu un réflexe chez « M. et Mme Tout-le-Monde » – ainsi que chez les lycéens et étudiants, plus mobilisés depuis le recours au 49.3. Et le téléphone, selon Yasin Blotas, 28 ans, créateur du compte Civicio, est « une arme de protection, un garde-fou lors de certaines interventions musclées de la police ». Ce qui ne les empêche malheureusement pas encore. (...)