
Le temps est agréable, mais qu’il fasse "-5 degrés" comme cet hiver ou en période de canicule, ils sont une petite centaine, tous les soirs, à suivre une heure de cours de français en plein air, sur des pentes d’herbe longeant la place, devant le bassin de la Villette.
(...) Omar, un demandeur d’asile soudanais de 28 ans, explique qu’il suit les cours depuis neuf mois. Avant il ne connaissait "rien" au français. "Maintenant je parle bien", dit-il tout sourire.
Hissan, un Egyptien de 27 ans qui prend des cours depuis un mois, a lui du mal à définir son niveau : "Je comprends mais je ne sais pas parler", explique-t-il en anglais.
Il est en Europe depuis dix ans. "Grèce, Italie, France, Royaume-Uni, Belgique, Calais" énumère celui qui dit avoir renoncé à se rendre en Angleterre et veut rester en France. Il n’a pas de papiers, mais "une maison, un métier" de maçon, dit-il.
’Pallier un manque de l’Etat’
Les cours, organisés par l’association BAAM (Bureau d’accueil et d’accompagnement des migrants), ont débuté il y a plus d’un an et demi dans une dizaine de lieux de la région parisienne, dont Stalingrad, où un gigantesque campement de rue a été démantelé en novembre. Alors que l’Office français de l’immigration et de l’intégration (Ofii) ne dispense des cours de français qu’aux réfugiés statutaires, l’association veut "pallier un manque de l’Etat" en proposant des cours à tous les migrants, quel que soit leur statut.
"Le problème, c’est que le temps de la demande d’asile est tellement long, les gens veulent apprendre le français et ils ne peuvent pas", estime aussi Julian Mez, l’un des fondateurs de l’association. "C’est du temps perdu" qui retarde leur intégration et la faculté à trouver un emploi, débuter des études ou sociabiliser, ajoute-t-il. (...)
tous les professeurs ici sont bénévoles, et ont d’autres occupations professionnelles. (...)
L’absence de femmes est ici notable : il n’y en a pas une seule. "Jamais", confirme M. Piacentini, précisant que la majorité des migrants qui assistent au cours sont des hommes qui ont entrepris seuls le voyage depuis leur pays.
Outre l’apprentissage du Français, les bénévoles sont aussi là pour aider les migrants dans leur vie quotidienne : expliquer les démarches administratives, traduire des formulaires... "C’est un acte politique" résume M. Piacentini, alors qu’il examine le dossier de demande d’asile d’un de ses élèves après la classe.