
Maroc et Tunisie développent leur secteur depuis plusieurs années : huile d’olive, dattes, fruits et légumes, plantes aromatiques et médicinal en tête.
C’est « l’avenir de l’agriculture » ! Sarah Shili montre fièrement des aubergines et grenades bio à peine cueillies près de Tunis. Au Maghreb, le bio connaît un essor sous l’effet de la demande locale et de l’export. (...)
Tous les jours, cette gérante du Domaine Elixir Bio inspecte à Oudhna, à 30 km de Tunis, les 94 hectares d’une exploitation spécialisée dans des cultures certifiées bio. Ces productions qui « respectent la nature » représentent, à ses yeux, « l’avenir de l’agriculture en Tunisie et même dans le monde ».
La ferme a vu son chiffre d’affaires exploser « sous l’effet d’une forte demande et des ventes en ligne ». Entre 2015 et 2020, il a été multiplié par cinq à plus de 100 000 euros, malgré des prix « un peu plus élevés » que l’agriculture conventionnelle.
Les quantités produites sont encore insuffisantes pour répondre à la demande venant de l’étranger. Et à côté du « manque d’eau, comme pour tous les agriculteurs », il peut être difficile de « trouver les semences bio, il faut se débrouiller seuls », explique Mme Shili.
« Climat très favorable »
Le bio tunisien s’est considérablement développé lors des deux dernières décennies avec vingt fois plus de superficies cultivées en 2020 (320 000 hectares certifiés), explique Samia Maamer, chargée du bio au ministère de l’agriculture. Entre producteurs et commerçants, le nombre d’intervenants dans le bio a été multiplié par 24 pour atteindre près de 8 000. (...)
Malgré la pandémie, le bio a « contribué à la dynamisation et à la diversification de l’économie » et représente « 13 % des exportations alimentaires, ce qui est important pour ce petit secteur ». Les exportations ont quasiment triplé (...)
Si la Tunisie figure au 30e rang mondial de l’agriculture bio, elle est la première en Afrique en termes de superficie certifiée et de produits exportés (...)
« Le climat tunisien est très favorable à l’agriculture bio » (...)
Le bio est « très demandé à l’international », notamment par les Etats-Unis et l’Europe, et localement, « il y a une forte demande des jeunes de 25 à 30 ans qui sont connectés et renseignés sur ses vertus », selon la responsable ministérielle.
A l’horizon 2030, la Tunisie veut aussi « développer un modèle rural spécifique » afin que le bio devienne « un moteur de développement local permettant de promouvoir d’autres secteurs comme le tourisme, l’artisanat, les énergies renouvelables », souligne-t-elle.
En décollage au Maroc
En comparaison, le bio est encore en phase de décollage au Maroc malgré un essor certain avec 10 300 hectares de cultures bio en 2020 contre 4 000 en 2011. (...)
Enfin en Algérie, si le marché bio est encore balbutiant, des magasins spécialisés proposent depuis quelques années aux citadins des paniers bio, fournis directement auprès de petits producteurs. Mais les surfaces cultivées ne dépassaient pas 1 200 hectares en 2013 avec 81 exploitations bio, selon le Centre de recherche en économie appliquée pour le développement.