
Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme à l’écocité de Kitakyushu, dans le sud du Japon. Des pièces de voitures aux bouteilles de plastique, tout est réutilisé, voire recyclé.
À l’usine de recyclage Nishinihon, une dizaine de travailleurs désassemblent de vieux téléviseurs par un après-midi d’automne. Gantés de cuir, ils dévissent patiemment les boulons, coupent les fils et détachent les décodeurs. Les écrans, eux, sont retirés à l’aide d’une machine au laser.
« Le recyclage des téléviseurs est vraiment un travail de moine », lance Taichi Takei, chef adjoint au bureau environnemental de la ville de Kitakyushu. En effet, tous les composants doivent être triés à la main, puis envoyés à la broyeuse pour récupérer le plastique, le fer, le cuivre et l’aluminium.
« Nous voulons créer une société sans déchets et nous devons trouver des solutions pour réutiliser tous ces matériaux », poursuit Taichi Takei, qui est aussi responsable du développement de l’écocité de Kitakyushu, le complexe industriel dont fait partie l’usine de Nishinihon.
Englobant 23 usines de recyclage et 15 centres de recherche, cette écocité parmi les premières du genre au Japon a vu le jour en 1997, à une époque où le pays voulait remédier à un important problème de déchets. Le gouvernement central, la ville de Kitakyushu et les entreprises privées ont alors investi 700 millions de dollars pour faciliter la récupération et la transformation de biens de consommation.
Du coup, 1 400 emplois ont été créés dans cette ville d’un million d’habitants située dans le sud du pays. Une vingtaine de projets d’écocités basés sur le principe dit des 3R – réduire, réutiliser et recycler – ont depuis été approuvés un peu partout dans l’archipel. (...)
« L’avantage de l’écocité, c’est que toutes les entreprises sont à proximité et que les débris industriels d’une usine peuvent être recyclés dans l’usine voisine », note Taichi Takei en proposant de faire le tour du complexe de Kitakyushu, qui s’étend sur 20 kilomètres carrés, ce qui correspond à l’ensemble des espaces verts à Montréal. (...)