
L’entreprise AquaBounty a annoncé le 18 décembre 2018 que la Commission nationale de conseil pour la biotechnologie agricole (Conabia) en Argentine a exempté d’autorisation un tilapia génétiquement modifié (FLT 01), un poisson d’élevage très consommé mondialement. Ce tilapia est considéré comme « non OGM » malgré une altération de son génome réalisée en laboratoire.
Selon les données de l’entreprise, qui n’ont pas été soumises à une analyse critique ou publiées dans une revue scientifique, ce tilapia « montre une amélioration significative du rendement en filets de 70 %, une amélioration du taux de croissance de 16 % ainsi qu’une amélioration du taux de conversion des aliments de 14 % ». Ces données, en l’absence du détail des calculs, sont-elles fiables ? On sait depuis longtemps que les résultats obtenus en station ne sont pas extrapolables en conditions réelles d’élevage… Et la question de la dissémination du tilapia GM dans l’environnement se pose également (...)
L’Argentine considère que ces tilapias n’ont pas à être régulés car ils ne contiennent aucun ADN étranger ni une nouvelle combinaison de matériel génétique [4]. Concrètement, cela signifie qu’aucune évaluation environnementale, sanitaire ou socio-économique n’a été réalisée alors que de nombreux scientifiques ont montré que ces nouvelles modifications génétiques présentaient, elles aussi, à l’instar de la transgenèse, des effets hors cibles : ces modifications sont tout sauf anodines.
L’Union européenne, depuis l’arrêt du 25 juillet, considère au contraire que les nouvelles techniques de modification génétique donnent des OGM. Il faudra donc que ce tilapia soit étiqueté « OGM » s’il venait à être exporté vers l’Europe… Le hiatus entre les réglementations pourrait vite devenir un sacré casse-tête pour les douanes. (...)