
Après les colza, tournesol et riz Clearfield, c’est le tour de la betterave d’être génétiquement mutée pour tolérer un herbicide et peut-être d’arriver dans les champs européens d’ici un ou deux ans.
Cette betterave « Consivo Smart » a été développée à partir de 2001 par KWS en tant que semencier et Bayer CropScience en temps que chimiste (l’herbicide est vendu sous son nom) pour tolérer des pulvérisations de Conviso One, un herbicide de la famille des inhibiteurs d’ALS, composé de deux principes actifs, du foramsulfuron et du thiencarbazone-methyl [1]. Elle est désormais prête à être cultivée en France et dans les autres pays européens.
« Ce ne sont pas des OGM », vraiment ?....
Bien sûr, KWS et Bayer précisent que ce ne sont pas des OGM : ces nouvelles variétés ne sont pas issues d’une modification génétique mais « d’un changement naturel découlant d’une enzyme impliquée dans la biosynthèse d’acides aminés essentiels ». La revue Semences et progrès [2] enfonce le clou : « La tolérance est obtenue par une modification naturelle et spontanée. La sélection de betteraves dotées d’une telle variation et des rétro-croisements ont abouti à introduire la résistance dans des variétés commerciales ».
L’aspect « naturel et spontané » peut paraître quelque peu fallacieux. En effet, dans un document produit par les deux entreprises qu’Inf’OGM s’est procuré, on apprend que « le concept est basé sur les changements dans le gène qui code pour l’acétolactate synthase, qui peuvent apparaître naturellement, mais rarement, durant la division cellulaire » ; et que « la tolérance n’a pas été créée, mais est apparue spontanément dans cultures de cellules de betteraves cultivées [3].
Les entreprises expliquent ensuite que la technique nécessite des étapes en laboratoire : culture « in vitro » ou « in vivo [4] » de tissus végétaux de betterave, préparation des tissus, cultures de ces tissus dans un bain d’herbicide, régénération de plants à partir de ces tissus, sélection de plants à haute dose d’herbicide.(...)