
Après deux incidents graves et des rumeurs folles, Pékin vit dans la hantise d’actes de violence motivés par la revanche sociale.
Après l’homme sur une chaise roulante qui a fait exploser sa bombe artisanale vendredi à l’aéroport international de Pékin, un autre homme s’en est pris à coups de couteau lundi aux clients d’un supermarché Carrefour de la capitale, blessant plusieurs personnes dont une femme, grièvement atteinte.
De son côté, la police de Pékin est sur le qui-vive après des rumeurs selon lesquelles un homme aurait l’intention de faire exploser le métro de la capitale...
Le point commun de ces événements : la frustration de Chinois s’estimant victimes d’injustices et incapables d’obtenir réparation ou même simplement la reconnaissance de leur cas.
Le poseur de bombe, héros du Web
L’affaire de l’aéroport, la plus spectaculaire des derniers jours, fait l’objet de nombreux débats sur le Web chinois, où il fait désormais figure de héros.
Ji Zhongxing, l’homme de 34 ans, originaire de la province côtière du Shandong, qui a fait exploser sa bombe artisanale au terminal 3 de l’aéroport de Pékin, a raconté sur son blog comment, moto-taxi illégal dans sa province pour gagner sa vie, il avait été paralysé des deux jambes après un tabassage par des policiers. Depuis, il est en chaise roulante.
Pendant des années, avec l’aide de son frère, il a tenté d’obtenir réparation, mais n’a jamais réussi à se faire entendre, ni dans sa province, ni à Pékin où il s’est retrouvé dans le flot des nombreux pétitionnaires venus plaider leur cause auprès du « Centre ».
Son geste désespéré, qui n’a blessé que lui-même (il a perdu une main), en fait un dangereux extrémiste pour la presse officielle, mais un héros pour le Web chinois.(...)