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Mediapart
Après l’annonce du 49-3 sur les retraites : le mouvement se radicalise, la police brutalise
#greves #manifestations #retraites #Macron #49trois #motiondecensure
Article mis en ligne le 19 mars 2023

Après le passage en force de la réforme des retraites par le 49-3, le mouvement de contestation durcit le ton. Beaucoup de manifestants estiment que le gouvernement s’est mis lui-même dans une situation qui pousse à la violence. À Paris notamment, des policiers ont violemment réprimé la mobilisation.

Des flammes, une odeur de gaz lacrymogène, des courses poursuites et des coups de matraque qui pleuvent : c’est ainsi que s’est terminée la manifestation contre la réforme des retraites appelée par la CGT Île-de-France, samedi 18 mars, en attendant la grande journée de mobilisation nationale de jeudi prochain. La réponse de la rue au 49-3 du gouvernement a continué de se faire entendre bruyamment dans la capitale comme dans plusieurs grandes villes, après déjà deux nuits de colère. (...)

« L’eau bout à 100°, le peuple à 49.3 !!! », lit-on sur la pancarte de Flore. La jeune ingénieure n’avait pas manifesté depuis le début de la mobilisation, même si elle était opposée à la réforme des retraites. (...)

vécu ce 49-3 comme un camouflet démocratique, ça m’a révoltée. Un tel déni ne passera pas », dit-elle froidement.

Le 49-3 ne passe toujours pas, malgré la répression

Comme des centaines de personnes ce soir, elle n’appartient pas à un syndicat, ni à un parti politique. « La colère dépasse toutes les organisations. Même les gens qui sont pour cette réforme auraient des raisons d’être révoltés », estime-t-elle. À (...)

L’ambiance ce samedi soir témoigne d’une nette montée en radicalité du mouvement et d’une répression policière plus féroce. Depuis deux jours déjà, les rassemblements à Paris sur la place de la Concorde, proche de lieux de pouvoir, auguraient d’une nouvelle phase, les forces de l’ordre multipliant les interpellations. (...)

Un important dispositif policier a ainsi été déployé, samedi soir, aux abords de la place de la Concorde. Alors qu’un nouveau rendez-vous y avait été fixé à 18 heures, en début d’après-midi, la préfecture de police de Paris avait annoncé avoir pris un arrêté interdisant toute manifestation dans cette zone ainsi que sur les Champs-Élysées, situés non loin.

Jardin des Tuileries fermé et évacué, CRS postés aux bouches de métro pour accueillir les manifestant·es, des dizaines de cars de CRS disposés autour de la place, les motocyclistes de la brigade de répression de l’action violente motorisée (BRAV-M) prêts à intervenir… Tout était fait pour dissuader toute velléité de manifester.

(...)

La députée de La France insoumise (LFI) Mathilde Panot, présente dans la foule, observe aussi le changement d’ambiance : « Ce n’est pas une manifestation classique, il n’y a pas de cortège organisé, des gens viennent spontanément dire qu’ils ne se laisseront pas faire. Le 49-3 a été l’accélérateur d’une lutte sociale qui est déjà entrée dans l’histoire, et qui s’amplifie. »

Si elle salue cette « magnifique réaction populaire », elle note aussi le péril qui guette : « Ce qui est très dangereux, c’est qu’en utilisant le 49-3 et tous les autres articles qui ont entravé le Parlement, Macron a mis en évidence le fait que les formes classiques de la démocratie ne fonctionnent plus. Quand en plus un conseiller de l’Élysée laisse entendre [dans un article de L’Opinion le 10 mars – ndlr] que seule la violence pourrait changer la donne, que voulez-vous faire ? Les Français ont tout essayé. »

Ce lundi, à 16 heures, le vote de la motion de censure du gouvernement pourrait apporter une issue institutionnelle provisoire à cette crise. Déposée par le groupe centriste Liot, elle sera votée par les oppositions de gauche et d’extrême droite. Que feront les députés Les Républicains (LR) ? C’est entre leurs mains que repose la possibilité de renverser le gouvernement.

En attendant, la rue continuera probablement d’exercer sa pression, de plus en plus aiguë, face à des policiers de plus en plus violents (...)