Été grec aux apparences trompeuses. Dans les îles, les très fidèles aoûtiens des lieux peuvent toujours se détendre en lisant “Le Monde”, supposons simplement que notre monde tourne encore joyeusement. Les Grecs quant à eux, sont aussi et enfin... en vacances ; cependant, leurs séjours s’avèrent forcement écourtés, à l’image de leur destinée si peu visible en ce moment. Sur les plages, la colère et l’amertume cumulées bronzent alors ensemble au soleil. Le pays brûle et se consume au fil de ses météoroïdes SYRIZA compris... en ce sixième été sous la Troïka, et sous le troisième mémorandum du genre.
(...) Et à Athènes, c’est alors la course... aux délais. “Jamais depuis le début de la crise nous n’avions enregistré autant de cambriolages en si peu de temps, plus d’un millier dans le quartier, rien qu’en ce début août”, éclaircissements exprimés par les policiers excédés et impuissants, faisant suite au cambriolage constaté depuis... l’appartement où est hébergé... greekcrisis, crise oblige forcement, vécue et pratiquée. Ironie de l’affaire, une presque... petite somme et tout de même si importante en provenance de la vente du véhicule de greekcrisis, vieux de vingt ans et vendu récemment... pour cause de manque de moyens nécessaires à son entretien a été ainsi “redistribuée”.
La gestion Tsipriote de la crise grecque aura réuni (toute proportion gardée) les effets néfastes de l’effondrement de l’Argentine (insécurité, cambriolages, contrôles des capitaux etc.), et tous ceux, bien funestes de la zone euro, la prolongation des mémoranda et le survivalisme en plus. Notre pays a changé comme tant d’autres, rien de plus banal dans l’histoire du temps présent comme de tout temps. (...)
Le gouvernement en a déjà averti ses députés, ils ne doivent... pas s’éloigner trop du “Parlement” cette semaine, le texte du mémorandum III est prêt, il sera ensuite présenté aux députés en deux articles seulement dès ce mardi 11 août et dans la plus grande urgence, comme d’ailleurs tous les précédents depuis 2010. Entre-temps, quatorze aéroports régionaux viennent d’être privatisés (l’annonce date du lundi 10 août) et en conséquence acquis par le consortium allemand Fraport-Slentel Ltd, avec la participation très minoritaire de l’entrepreneur grec Kopelouzos. Contrairement donc à ce que SYRIZA avait annoncé il y a six mois sur ce dossier, comme sur (presque) tous les autres, les avoirs du pays sont bradés et pour “mieux faire”, Fraport est un groupe connu pour sa pratique quant aux conditions de travail, dignes du Moyen-âge, c’est à dire de notre siècle.
Cette “vente” relève de... l’œuvre aboutie du TAIPED, hyper organisme contrôlé par Berlin, une variante de la Treuhandanstalt, projet dans lequel un certain Wolfgang Schäuble s’engagea avec passion dans la création et la gestion du fonds public destiné à récolter le produit des privatisations des biens de la RDA et financer ainsi la dette du pays. “L’ensemble de l’opération fut jugé par les uns comme une réussite magistrale de capitalisation d’actifs et par les autres comme le pillage du siècle. Sur le plan social, environ 2,8 millions de travailleurs est-allemands perdirent leur emploi. Un quart de siècle plus tard, le même Wolfgang Schäuble se propose de récidiver mais cette fois en délocalisant son savoir-faire en Grèce”, la remarque est de Vladimir Caller, analyste politique dans son article “Grèce, gauche et know-how teuton” publié récemment dans La Libre Belgique. (...)
Partout en Grèce, la politique humanitaire d’urgence, financée par Bruxelles commence à prendre corps ; à travers les actions des ministères, voire, celles des municipalités et des administrations régionales.
Par voie d’affichage, la municipalité de Méthana précise par exemple, les conditions d’accès au Programme d’aide humanitaire d’urgence (denrées alimentaires et produits de première nécessité), pour juillet-août 2015. “Attention, ceux qui n’ont pas déposé leur déclaration d’impôts 2015, en seront exclus du programme”, voilà pour certaines modalités.
La Grèce, ses pauvres, son survivalisme et ses élites plus aisées que jamais, un piètre monde, prétendument nouveau. Il passerait même inaperçu. Pourtant tout y est, à travers ces regards tristes et alourdis des “gens d’en bas” et du labeur, sur terre, comme à bord des bateaux de pêche. Regards, il faut dire, le plus souvent indétectables par les appareils photos des touristes. Ces derniers du moins, remarquent la présence animale... adespote (sans maître) en Grèce, maigre consolation. (...)
Loin des touristes, le calendrier politique en gestation confirme le viol de la volonté du peuple grec et du ‘NON’ datant du 5 juillet et du 25 janvier derniers. Il atteste déjà cette mutation pratiquement accomplie de SYRIZA en un parti du mémorandum, ce qu’accorderait un certain répit aux maîtres troïkans avant le prochain ‘NON’ (par les urnes ou autrement) des Grecs ou sinon, des autres peuples dominés par le néo-totalitarisme européiste.
La gouvernance Tsipriote, Bruxelles et Berlin, préparent la tenue d’élections anticipées en septembre ou en octobre prochains, au même moment, le commun des Grecs demeure sous les effets de choc du mémorandum III, et avant que la nouvelle conscience ne puisse prendre forme politiquement. Certes, la Plateforme de Gauche (en grande partie) travaille dans ce sens ; des initiatives sont actuellement en cours (Lafazánis, Lapavítsas entre autres) ; certaines forces politiques à gauche (favorables à la fin de la zone euro et à la dislocation de l’UE) ont de ce fait été “contactées”, dont le Plan-B d’Alékos Alavános, ancien chef de Synaspismós - SYRIZA comme on sait.
Sauf que la tenue d’un scrutin législatif anticipée à moins d’un an du précédent scrutin est interdite par la Constitution. Pour organiser cependant des élections anticipées en septembre ou en octobre prochains, le gouvernement devrait d’abord démissionner, puis, le Président de la République devrait de son côté accorder des mandats exploratoires aux chefs des partis, afin de former le prochain gouvernement, et s’ils ne parviennent pas, les élections anticipées auront lieu. Des informations circulant dans la presse ces derniers jours, indiquent que le Président, lequel aurait déjà été... sondé, passerait directement à la phase suivante du processus prévu par la Constitution. (...)
Le Président de la République (en réalité “Président de l’euro”), Prokópis Pavlópoulos, ancien ministre de droite - Nouvelle démocratie, mettra probablement en place un gouvernement “technique de transition” pour que le pays politique puisse se diriger précipitamment vers le scrutin ainsi pressenti, voire acquis. D’après les informations avancées par le quotidien “Rel- News” du 10 août (son titre est... en anglais), le favori pour le poste de ce Premier ministre de transition serait la Présidente de la Cour suprême Vassilikí Thánou. “Tout est si parfaitement aménagé dans ce beau monde à la morale mémorandaire”, ironise un éditorial publié par le site de la Plateforme de Gauche. La Grèce... et son Âge de Glace, une fois de plus et de trop (...)
Été grec aux apparences prétendument trompeuses. Plus de cinquante mille migrants sans papiers sont arrivés en Grèce, essentiellement depuis l’espace turque en moins d’un mois entre juillet dernier et ce mois d’août. C’est-à-dire autant, que durant toute l’année 2014. Parfois, ils sont Syriens, déracinés comme on sait par la guerre co-initiée par certains gouvernements de l’Europe occidentale, mais le plus souvent, ces gens viennent d’ailleurs.
Dans les îles grecques de l’Égée orientale la situation devient presqu’incontrôlable. Des incidents ont lieu quotidiennement à Mytilène, à Samos, à Kos et à Kálymnos. “Si rien ne change, le sang coulera alors très prochainement”, avertit le maire de Kos.
Été grec... tout simplement, aoûtiens de toute sorte. Sous le joug des despotes... et sous le regard étourdi des adespotes. Mémorandum III.