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le Monde Diplomatique
Amérique Latine : Ce qui change pour les femmes
Article mis en ligne le 8 juin 2012
dernière modification le 4 juin 2012

Depuis quelques années, des dirigeantes ont pris la tête d’Etats latino-américains. L’émergence de ces figures politiques de premier rang suggère une amélioration — souvent timide — de la condition des femmes dans la région. Permettra-t-elle de l’accélérer ?

(...) Le 9 mars 2001, le maire de Bogotá, M. Antanas Mockus, proposait une singulière réponse à la domination masculine traditionnelle en Colombie : de 19 h 30 à 1 heure du matin, seules les femmes étaient autorisées à circuler en ville. Soucieux d’équité, M. Mockus livrait la ville aux réjouissances exclusivement masculines la semaine suivante, dans les mêmes conditions. Les femmes d’un côté, les hommes de l’autre ? Il arrive que les progrès dans l’égalité entre hommes et femmes suivent d’autres voies, notamment dans le domaine politique. Et toutes les Latino-Américaines ne s’en plaignent pas.

Ces dernières années, quatre femmes ont occupé la fonction suprême sur ce continent. (...)

L’Argentine a été pionnière, en 1991, avec sa loi de quotas imposant aux partis au moins 30 % de candidatures féminines. Avec 38 % de femmes au Parlement, elle figure aujourd’hui parmi les douze premiers pays pour ce qui est de la participation féminine au pouvoir législatif. Depuis, onze nations de la région lui ont emboîté le pas (Bolivie, Brésil, Costa Rica, Equateur, Honduras, Mexique, Panamá, Paraguay, Pérou, République dominicaine, Uruguay).

« Ici, l’élection de femmes comme Michelle Bachelet s’explique surtout par le fait qu’elles donnent l’image de personnes moins corrompues », explique Mme Maria de Los Angeles, directrice de la Fondation Chile 21, à Santiago du Chili. Jusqu’alors exclues du pouvoir, elles apparaissaient peu dans les scandales de détournements de fonds — une caractéristique qui disparaît avec leur implication en politique. La parité promue par Mme Bachelet ne lui a d’ailleurs pas survécu. La moitié des ministères de son premier gouvernement étaient occupés par des femmes ; dans l’équipe de son successeur de droite, M. Sebastián Piñera, ce n’est plus le cas que de 18 % d’entre eux.

La bonne volonté du pouvoir exécutif ne suffit pas. (...)

Les femmes au pouvoir sont-elles d’ailleurs plus soucieuses de faire avancer les droits de leur sexe ? Rien n’est moins sûr, nuance María Flórez-Estrada Pimentel, sociologue à l’université du Costa Rica : « Elles bousculent l’ordre social traditionnel, mais cela ne signifie pas qu’elles adoptent une posture progressiste. En Amérique centrale, les présidentes ont été et restent très conservatrices, sur les questions économiques comme sur les questions de société — y compris celles touchant directement les femmes, comme le droit à l’avortement. » Hormis Cuba, où l’interruption volontaire de grossesse (IVG) est autorisée, et la ville de Mexico, où les députés de l’assemblée locale l’ont votée, cette question — en dehors des cas de viol ou lorsque la vie de la mère est en danger — reste taboue dans la région. (...)

En obtenant de Mme Rousseff un engagement écrit, les Eglises se sont assurées que la dépénalisation de l’avortement ne serait plus à l’ordre du jour. (...)

La grande préoccupation des femmes latino-américaines reste toutefois la violence. « Les féminicides, c’est-à-dire les meurtres de femmes parce qu’elles sont femmes, sont en pleine explosion en Amérique centrale et au Mexique », résume Flórez-Estrada Pimentel. Le Salvador en détient le record, avec un taux de 13,9 femmes assassinées pour 100 000 habitants.
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