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Allemagne : trouver un logement en tant que réfugié, le parcours du combattant (3/3)
#allemagne #logement #segregation #racisme #inegalités
Article mis en ligne le 3 octobre 2022

En Allemagne, la recherche d’un logement est de loin considéré comme le domaine de vie où le racisme et la discrimination basée sur l’origine des personnes sont le plus répandu.

"Souvent, il suffit d’un nom à consonance étrangère pour ne pas être invité à visiter un appartement. Les petites annonces ouvertement racistes font malheureusement encore partie du quotidien", constatait un responsable du Bureau de lutte contre la discrimination du gouvernement allemand, lors de la présentation d’un rapport sur la discrimination sur le marché de l’immobilier en 2020.

En Allemagne, huit personnes sur dix (83%) estiment que le racisme est monnaie courante dans la recherche d’un logement.

Parmi les personnes interrogées ayant un passé migratoire, ils sont même près de neuf personnes sur dix (87%) à le penser.

Le marché de l’immobilier est ainsi l’espace de vie où la discrimination basée sur l’origine et sur l’appartenance ethnique est la plus fortement ressentie par la population, loin devant le racisme dans l’accès aux restaurants, dans les transports publics, dans les rapports avec la police ou encore dans la vie professionnelle. (...)

Mais ces expériences sont généralement difficiles à prouver et les plaintes sont rares. (...)

Ce genre d’expériences ne manquent pas et a poussé l’association "Runder Tisch für Integration" de se pencher sur la question, en menant une série d’interviews avec des experts et des personnes ayant été victimes de discrimination dans leur recherche de logement.

Ségrégation géographique (...)

"Dans l’ensemble, il existe à Cologne un déficit considérable de logements abordables et adéquats pour les catégories de revenus inférieures et moyennes. S’y ajoute la réduction du nombre de logements bénéficiant d’une aide sociale", explique l’association.

Le manque de logements crée un rapport de force favorable au propriétaires. Or, comme le note l’association, "en comparaison avec d’autres grandes villes allemandes, la part des particuliers parmi les propriétaires est très importante à Cologne." Les particuliers représentent ainsi plus de 74% des propriétaires de la ville et "occupent donc une position clé" dans l’égalité des chances dans l’accès au logement.

On voit que les jeunes générations sont beaucoup plus en colère et sûres d’elles. Elles ne veulent pas se laisser faire et ne comptent plus accepter le racisme. (...)

"Souvent, on appelle nous même et on se fait passer pour quelqu’un d’autre pour que les gens obtiennent au moins un rendez-vous. Tous les étrangers que je connais ont eu affaire à un propriétaire qui leur répond que l’appartement n’est plus à louer alors même que l’annonce est encore en ligne. Certains répondent aussi clairement qu’ils ne veulent pas d’étranger. Il y a notamment beaucoup de préjugés vis-à-vis des hommes seuls, musulmans et sans emploi."

Elizaveta Khan note aussi que la recherche est très difficile pour les familles ayant des enfants inscrits dans une crèche, ce qui les limite géographiquement alors que Cologne manque cruellement de places en crèche. "Si vous n’avez pas de contacts, c’est très compliqué". (...)

l’étude montre que les ménages issus de l’immigration paient des loyers plus élevés et doivent y consacrer une part plus importante de leur revenu.

A Cologne, en raison de la pénurie et de la forte demande de logements bon marché à Cologne, "il semble relativement facile pour les propriétaires de louer un appartement avec des normes d’équipement peu élevées et situé dans un quartier défavorisé", en conclut l’association Runder Tisch für Integration.

Enfin, l’actualité récente de la guerre en Ukraine est venue bousculer le débat sur la discrimination, nombre de migrants dénonçant une différence de traitement entre les réfugiés ukrainiens et ceux venus du Moyen-Orient ou d’Afrique. (...)

La guerre en Ukraine a même ouvert les yeux sur certains problèmes que rencontrent tous les réfugiés en Allemagne. "Beaucoup de personnes ont commencé à remarquer à quel point les démarches administratives sont compliquées en aidant les Ukrainiens à remplir leurs papiers. Il y a beaucoup de solidarité dans notre société, mais il faut pour cela que les gens voient les circonstances et conditions dans lesquels les étrangers vivent."

Enfin, pour Elizaveta Khan, la jeunesse représente un espoir. (...)