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Allemagne : la nouvelle réforme de l’asile vue par des migrants
Article mis en ligne le 24 juillet 2022
dernière modification le 23 juillet 2022

En Allemagne, des milliers de demandeurs d’asile déboutés mais que le pays ne peut expulser se retrouvent pendant des années dans un labyrinthe bureaucratique. Une nouvelle loi doit faciliter leur intégration. Témoignages de deux personnes qui espèrent profiter du nouveau système.

Fatima joint ses poignets et fait mine d’être menottée. "La Duldung est comme ça", dit-elle. "Mais je n’ai jamais eu de problème avec la police. Il faut juste donner une chance aux gens."

Au lieu d’un permis de séjour, l’aide-soignante marocaine a une "Duldung", qui est une “suspension temporaire de l’expulsion”. Le statut s’applique lorsqu’une demande d’asile est rejetée mais qu’une expulsion n’est pas possible, que ce soit pour des raisons humanitaires ou encore administratives.

Dans le cas de Fatima, elle ne peut être expulsée car elle a été malade pendant un certain temps, puis a fini par trouver un emploi.

Fatima se bat avec l’administration allemande depuis près de sept ans. Sans permis de séjour, elle ne trouve pas d’appartement, et sans adresse, décrocher un emploi est une mission quasi impossible, à moins de tomber sur un employeur désespéré.

Le ministère allemand de l’Intérieur veut ainsi faire passer une réforme appelée "Chancen-Aufenthaltsrecht" (Opportunités et droit à la résidence), censée offrir à Fatima et à quelque 135 000 autres personnes un permis de séjour d’un an, au bout duquel il est possible de bénéficier d’un statut de résident permanent. (...)

Imprimé sur la carte de Duldung, se trouve la mention "Ceci n’est pas un permis de séjour. Son titulaire reste obligé de quitter le pays !".

En Allemagne, Fatima n’a le droit de vivre ailleurs qu’à Berlin. Aussi, elle ne peut pas travailler en free-lance ou créer sa propre entreprise. En revanche, est est autorisée à tenter de trouver un emploi.

Fatima est arrivée en Allemagne avec son mari, un ressortissant syrien bénéficiant du statut de réfugié de guerre. Il a ainsi pu obtenir un permis de séjour. (...)

Fatima est embauchée à plein temps dans une maison de soins où elle s’occupe de personnes atteintes de sclérose en plaques. Or, l’Allemagne manque cruellement de personnel soignant.

Des profils comme celui de Fatima sont très recherchés. Elle a passé dix ans comme assistante d’un neurologue au Maroc et sait comment travailler avec les personnes handicapées.

En Allemagne, Fatima a vécu ces sept dernières années dans un logement pour réfugiés, partageant une chambre avec une Moldave.

Elle assure qu’il lui est impossible d’accéder à un appartement. Le marché de l’immobilier à Berlin est si saturé que peu de propriétaires sont enclins à louer un logement à une personne susceptible d’être expulsé. (...)

Pour Fatima, les perspectives qu’offriraient la réforme de l’asile sont la seule chose qui la font encore tenir en Allemagne. (...)

L’histoire d’Obada

Obada Hijjo a le statut de Duldung depuis trois ans. Bien que son histoire est très différente de celle de Fatima, il se bat avec les mêmes problèmes.

Obada vient de Palestine et a 29 ans. Il a suivi une formation de policier en Turquie, avant de retourner en Cisjordanie pour rejoindre les forces de police palestiniennes. Mais des menaces de morts l’ont contraint à quitter le pays avec sa femme. (...)