
Le gouvernement ne souhaite plus voir des mineurs suivis par l’Aide sociale à l’enfance (ASE) "lâchés dans la nature" à 18 ans. Il a annoncé ce jeudi qu’il allait allouer 12 millions d’euros par an aux départements pour que les enfants placés soient systématiquement accompagnés vers l’autonomie après leur majorité.
Ce plan, intitulé "Zéro sortie sèche de l’ASE", doit être mis en place via des contrats que l’Etat espère signer d’ici juin avec chaque département, ont précisé les secrétaires d’Etat chargés respectivement de la protection de l’enfance et des politiques familiales, Adrien Taquet et Christelle Dubos, lors de la présentation de cette stratégie à Saint-Denis, en Seine-Saint-Denis. (...)
Le dispositif, qui s’inscrit dans le cadre de la stratégie contre la pauvreté annoncée en septembre par Emmanuel Macron, a été élaboré sur la base d’un rapport élaboré par un groupe de travail composé en partie de jeunes adultes, eux-mêmes anciens enfants placés. (...)
"Nous ne pouvons plus tolérer (...) que la collectivité publique se désintéresse de leur sort, ou alors cela signifierait que nous participons à les abandonner une seconde fois", a renchéri Adrien Taquet.
"Moyens insuffisants"
Les départements signataires "devront s’engager à permettre aux jeunes d’accéder à un logement", prévoit par ailleurs le document. Actuellement, un quart des personnes sans domicile fixe âgées de 18 à 25 ans sont d’anciens enfants placés confiés à l’ASE. (...)
Les départements signataires du contrat devront aussi accompagner les jeunes dans leurs démarches pour accéder à des ressources (comme des bourses d’études), ainsi que dans leurs démarches d’insertion professionnelle - en leur laissant la possibilité de se réorienter, si besoin. Enfin, le plan prévoit de veiller à éviter les ruptures dans la couverture santé des jeunes concernés.
Le président (PS) du département de Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel, s’est félicité du "signal important" envoyé par cette stratégie, mais a critiqué l’insuffisance des moyens alloués par le gouvernement. Dans son département, le fait d’accompagner après leurs 18 ans les deux tiers des jeunes de l’ASE, via un "contrat jeune majeur", coûte 20 millions d’euros par an à la collectivité, "mais l’Etat ne nous accompagne qu’à hauteur de 400 000 euros", a-t-il déploré.