
Agriculteur dans la Meuse, Philippe Lemey exploite 250 hectares de céréales à Aulnois-en-Perthois en utilisant une méthode qui rompt avec l’idéologie productiviste et machiniste qui règne en France.
Il a complètement changé sa façon de travailler en 2004 en se lançant dans le semis direct sous couvert végétal, une technique agricole importée d’Amérique du Sud, où les terres ne sont pas très fertiles. Pendant cinq ans, il a accepté de perdre entre 20 et 30 % de son chiffre d’affaires. Mais aujourd’hui, il dépasse les rendements d’avant 2004 et pourrait presque vivre de son métier sans aucune aide européenne.
En effet, le semis direct sous couvert végétal lui a permis depuis de réaliser d’importantes économies. Il est désormais capable de gérer tout seul son exploitation, alors qu’avant il devait faire appel à au moins une personne pour s’occuper d’une surface plus petite. Il a par ailleurs considérablement réduit sa facture énergétique. Il consomme ainsi six fois moins de litres de fioul par hectare que ses collègues. Ses tracteurs ont par conséquent une durée de vie plus longue, aux alentours de 40 ans, contre 8 ans pour ceux des autres exploitants.
En fait, il ne travaille pas sa terre. Il sème la récolte avec un semoir importé du Brésil qui dépose la graine dans le sol, puis rebouche la terre après son passage. Cet outil ne laisse quasiment aucune trace. A la différence du labour, il ne perturbe pas la microfaune et la microflore souterraines. En surface, Philippe Lemey cultive une dizaine de plantes, à l’image du sarrasin et du trèfle d’Alexandrie couplées avec de la paille. Ce mélange donne un parfait équilibre azote-carbone. En se dégradant, il nourrit les sols. En quelques années, le pourcentage de terre noire de ses champs est passé de 1,2 % à 3,5 %. Le sol de son exploitation devient naturellement de plus en plus riche en matière organique, ce qui augmente sa fertilité sans avoir recours à des engrais chimiques.
Cette méthode de production protège aussi davantage ses récoltes des aléas climatiques. (...)